Inquiétude et colère dans le mouvement communautaire

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À l’instar de beaucoup d’organisations syndicales et sociales, le ROCL (Regroupement des organismes communautaires des Laurentides) ne peut rester impassible devant l’inacceptable. « Voilà 100 jours que le gouvernement du Québec fait la sourde oreille aux revendications étudiantes. C’est un pan important de la population qui est ignoré et qui n’a que la rue pour se faire entendre. Dans ce contexte, comment faire advenir une société plus juste autrement qu’en refusant de nous plier devant cette loi injuste » lance Linda Déry, coordonnatrice du ROCL.  « Quand un gouvernement prend la voie de la répression pour régler des conflits sociaux, on ne peut faire autrement que de perdre confiance et d’être en colère!  » 

Plusieurs articles de la loi 78 limitent clairement le droit de manifester de tous les citoyens et sur tous les sujets, même pacifiquement. Par exemple, les dispositions exigeant que les organisateurs des manifestations de 50 personnes ou plus dévoilent aux policiers au moins huit heures avant le début de la manifestation, par écrit, plusieurs renseignements, dont l’itinéraire et le mode de transport. « La loi 78 donne aux policiers le pouvoir d’ordonner un changement de lieu ou d’itinéraire. Sur quoi se baseront-ils pour prendre des décisions? C’est tout à fait arbitraire! Cette loi porte atteinte à nos valeurs de démocratie et à notre culture d’ouverture aux débats » s’insurge madame Déry.

Outré par le caractère menaçant de cette loi créée pour bâillonner l’insoumission, le ROCL se sent  profondément interpelé. « Les organismes communautaires sont des lieux d’expression et de reprise de pouvoir citoyen. Nous croyons fermement à la prise de parole publique des personnes souvent intimidées par l’autorité et le politique. Cette loi vise à écraser une parole émergente. Pour nous, c’est inadmissible et très inquiétant. »

Madame Déry rappelle que même le Barreau du Québec est préoccupé par les limitations apportées au droit d’association et de manifestation. Il critique aussi la judiciarisation des débats et le recours à la justice pénale inscrits dans cette loi. Selon le bâtonnier du Québec, Me Louis Masson, « le gouvernement rend plus difficile l’organisation de manifestations spontanées. Il limite la liberté d’expression. Cette disposition s’applique à toute personne, organisme ou groupement et prévoit même que les personnes qui participent à une manifestation, sans l’avoir organisée, doivent s’assurer que l’événement correspond aux renseignements fournis à la police. »

« Avec cette loi, on est en droit de se demander qui osera encore aller manifester? » Conclut madame Déry. « Chose certaine il nous reste le droit de voter et on s’en souviendra! »

En conséquence, le ROCL encourage la population à signer la requête en nullité qui circule sur le web à l’adresse suivante : http://www.loi78.com