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Que la démocratie soit avec nous! Imprimer Envoyer
Johnny Marre
Lundi, 18 Avril 2011

Vous souvenez-vous du Capitaine Cosmos? Ce joyeux luron des Satellipopettes, qui accueillait les jeunes entre 1975 et 1985, sur les ondes de Télé-Métropole, avec un large sourire et, surtout, son salut d’introduction ponctué de la célèbre phrase : « Que la force soit avec toi! »? Qui peut avoir oublié cela? En cette période électorale qui est dans son sprint final, nous aurions certes besoin d’un certain Capitaine Cosmos pour stimuler notre démocratie.

Car c’est bien beau vivre dans un pays soit disant démocratique, même si une ministre peut mentir aux représentants du peuple, même si le premier ministre du Canada peut se permettre de ne pas donner toute l’information concernant un dossier ou l’autre, même si le peuple sait pertinemment qu’il y a des gens qui s’enrichissent indûment à partir de ses impôts et de ses taxes, alouette…, il y a lieu de se questionner au premier chef sur ceux et celles qui sèment véritablement les graines de notre démocratie, élection après élection, c’est-à-dire nous tous, électeurs et électrices de ce plus beau pays au monde. Que voulez-vous… Depuis le début de la Confédération canadienne, savez-vous que c’est à l’élection générale de mars 1958 qu’il y a eu le plus fort taux de participation avec 79,4%. Il y a donc plus de 50 ans! Cette élection avait transformé le gouvernement minoritaire progressiste-conservateur du premier ministre John Diefenbaker en la plus grosse majorité parlementaire jusqu’alors dans l’histoire du Canada. Jamais le taux de participation n’a atteint le plancher de 80% à une élection générale en plus de 133 ans d’histoire. Est-ce un record enviable?

Y a-t-il lieu de nous en réjouir? Quand on sait que, dans de nombreux pays à travers le monde, il y a des peuples qui se battent jusqu’au prix de leur vie pour accéder à la démocratie et avoir le droit d’élire ceux et celles qui gouverneront leur destinée, nous, les pantouflards « canadians », nous nous questionnons régulièrement si nous devons prendre quelques minutes de notre très précieux temps pour aller voter. On dirait que nous sommes des démocrates obèses, dont le moindre petit effort puise tellement dans nos énergies personnelles!

Savez-vous que le premier ministre actuel, monsieur Harper, celui qui fait la pluie et le beau temps dans notre chère démocratie canadienne depuis plus de cinq ans, n’a été élu que par moins de 22% des électeurs qui avaient droit de vote en octobre 2008? Sur une possibilité de près de vingt-quatre millions de citoyens canadiens en âge et en droit de voter, il n’y en a à peine plus de cinq millions qui avaient choisi cet homme et son parti pour gouverner notre vaste collectivité. Après cela, on viendra nous dire que le peuple canadien a choisi démocratiquement ce gouvernement, même si ce n’est même pas le choix d’un électeur potentiel sur quatre, et qu’il faut vivre avec nos choix???

C’est cela la démocratie, notre démocratie? C’est bien sûr que monsieur Harper avait toute la légitimité légale pour régner sur notre pays actuel, d’un océan à l’autre. Avait-il la légitimité morale? Cela est une toute autre question. Ce qui est immoral, ce sont les règles actuelles qui permettent à un parti de prendre des décisions cruciales pour l’avenir de notre collectivité, même si plus de trois électeurs potentiels sur quatre ne lui ont jamais accordé leur confiance. Ce qui est immoral, c’est que seulement 58,8% des électeurs inscrits se sont prévalus de leur droit de vote en octobre 2008. Ce qui est immoral, c’est qu’il y en ait de plus en plus qui se complaisent dans leur obésité démocratique, parce que ce 58,8% est le plus bas taux de participation depuis la Confédération de 1867. C’est comme si certains et certaines avaient pour objectif d’aller toujours plus bas.

Pourtant, il n’y a aucune excuse de se soustraire à ce devoir de tout citoyen. Pour la présente élection, tout le monde pourra voter en se rendant à son bureau de scrutin, par anticipation ou non, ou par la poste. Même un sans abri, une personne dans un établissement de soins de longue durée, un voyageur ou un détenu peuvent voter. Qu’a-t-on besoin de plus? Un petit chausson aux pommes en bonus???

Serait-ce rêver en couleurs que de croire qu’un parti politique mettra à son programme, avant la fin de ce siècle, une réforme majeure de notre système démocratique pour que ceux et celles qui nous gouvernent soient véritablement le choix majoritaire du peuple? Serait-ce rêver en couleurs que de croire qu’à cette élection du 2 mai prochain, l’électorat canadien jouera tout un tour aux candidats pressentis en fracassant le record de participation, non celui à la baisse de 2008, mais plutôt celui à la hausse de 1958? Ou serait-ce rêver en couleurs que le droit de vote devienne une obligation citoyenne au même titre que de payer nos impôts et nos taxes, avec les conséquences que cela entraîne si on ne remplit pas cette obligation démocratique?

Passons-nous le mot! Faisons de cette élection un heureux précédent démocratique, au lieu de sombrer dans le « qu’ossa donne ». Car, les seuls véritables gagnants, ce seront nous. Dans le cas contraire, nous continuerons d’être les grands perdants de la santé démocratique de la collectivité canadienne, dont nous faisons toujours partie.

Que la démocratie soit avec nous, dans notre tête et dans notre cœur, pour le plus grand respect de nous-mêmes… au premier chef!


Johnny Marre