Les prisons québécoises en crise

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Les agents en services correctionnels
partent, eux aussi, en campagne
 
En début de campagne électorale provinciale, le Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec (SAPSCQ) demande aux partis politiques de faire connaître leurs intentions concernant le réseau correctionnel du Québec, aux prises avec des problèmes de sous financement et de surpopulation.
 
Le syndicat a lance, lundi, devant le bureau montréalais du ministre de la Sécurité publique du Québec, Jacques Dupuis, une campagne visant à améliorer un système de détention au bord de la crise.
 
« Nous assistons ces dernières années à une détérioration marquée d'un réseau affaibli par l'indifférence chronique des différents gouvernements. Même la sous ministre associée aux services correctionnels du Québec, Johanne Vallée, quitte pour le Service correctionnel du Canada, déclare Michel Hubert, président du SAPSCQ. Les choix à venir seront déterminants : le gouvernement du Québec ne peut continuer impunément à mettre la population en danger. Il doit réinvestir dans le réseau correctionnel du Québec afin de garantir la sécurité de la population québécoise. »
 
La situation de crise qui sévit actuellement est accentuée par un manque d'effectifs important. Les heures supplémentaires travaillées et le taux d'épuisement professionnel des agentes et des agents en services correctionnels (ASC) sont à des niveaux record.
 
« Les agents sont à bout de souffle. Cet épuisement de nos agents est aggravé par l'absence de formation et d'encadrement. La surveillance adéquate des personnes incarcérées est difficile et la réhabilitation, dans ces conditions, devient presque impossible », observe monsieur Hubert.
 
Le syndicat propose une formation professionnelle complète à l'École nationale de police du Québec. Travailler auprès d'une population carcérale de plus en plus dangereuse tout en cherchant à atteindre les objectifs de réhabilitation fixés par le ministère de la Sécurité publique exige une formation adéquate.
 
Par ailleurs, l'attraction et la rétention des agents correctionnels au Québec pose des problèmes en raison des écarts salariaux importants à la fois avec les autres services correctionnels provinciaux et avec le service correctionnel fédéral. De plus, avec la construction annoncée de cinq nouveaux centres de détention et le départ prochain de centaines d'agentes et d'agents à la retraite, l'urgence se fait sentir.
 
Selon Roger Valois, vice-président de la CSN, une reconnaissance de la profession n'est pas évidente puisque le travail s'exerce en milieu fermé.
 
« Notre expérience avec les agents correctionnels fédéraux démontre la nécessité de valoriser ce travail auprès du public afin d'améliorer leurs conditions de travail. Ce débat est essentiel et nous allons parcourir les quatre coins du Québec afin d'y sensibiliser la population et se faire entendre du gouvernement. »
 
Le SAPSCQ représente 2200 agents en services correctionnels répartis dans 18 établissements. Dans la région des Laurentides, 175 ASC travaillent au Centre de détention de St-Jérôme. Le SAPSCQ a conclu une entente de services avec la CSN en septembre 2006.