Les retraités de l’État devront-ils payer pour des avantages inaccessibles?
Les négociations entre le gouvernement et le front commun syndical sur les régimes de retraite pourraient se solder par l’octroi d’avantages supplémentaires aux travailleurs financés à même les fonds des personnes qui sont déjà à la retraite. En effet, un consensus semble se dégager entre les parties patronale et syndicale afin de bonifier la rente de retraite de personnes qui demeureraient jusqu’à trois années de plus au travail. Le pourcentage maximal de rente pourrait passer de 70 % à 76 %, avec un déplafonnement de 35 ans à 38 ans du nombre d’années de service pouvant être créditées.
Le sommaire des offres patronales et les revendications du front commun syndical n’offrent cependant aucune donnée chiffrée quant aux impacts financiers d’une telle mesure sur les caisses de retraite. Or, ces caisses de retraite sont constituées en bonne partie des cotisations de personnes à la retraite et des rendements obtenus à partir de ces cotisations. Par ailleurs, les personnes qui sont déjà à la retraite ne pourront pas bénéficier de ces avantages.
Pour les retraités des secteurs public et parapublic, il est très difficile d’évaluer les enjeux à moyen et long terme d’une telle mesure. L’accord qui semble se dégager entre les deux parties est d’autant plus inquiétant que l’information est distribuée au compte-gouttes. La bonification du pourcentage maximal de rente des futurs retraités devra-t-elle être assumée par les fonds constitués par les retraités actuels? L’absence de réponse claire et chiffrée à cette question est une illustration de la nécessité de consulter les retraités à l’occasion de la présente ronde de négociations.
Les principales associations de personnes retraitées des secteurs public et parapublic doivent être consultées sur l’ensemble de ces sujets avant la fin des négociations portant sur le dossier de la retraite, prévue le 31 décembre 2009. Les retraités de l’État ne souhaitent pas s’immiscer dans la négociation des conventions collectives applicables aux travailleurs des secteurs public et parapublic québécois. En toute légitimité, nous réclamons toutefois le droit d’être consultés avant que des décisions définitives soient prises concernant nos propres régimes de retraite.
Madelaine Michaud, présidente