Quatre anges sont venus ce soir…

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Dans cette très belle chanson de Noël du XIXe siècle qui a bercé notre enfance, il est question de trois anges qui sont venus ce soir nous apporter de bien belles choses. Dans l’église de Saint-Antoine, à Saint-Jérôme, ce ne sont pas trois anges, mais plutôt quatre anges qui sont venus apporter de bien belles choses à la centaine de personnes qui ont répondu à l’invitation du semeur de bonheurs et de beautés, Michel Corbeil, en ce dimanche, 20 décembre.

Sophie Coderre, violoncelliste, Line Deneault, deuxième violon, Amélie Lamontagne, premier violon, et Nayiri Piloyan, violoniste alto, toutes membres du Quatuor à cordes « Rhapsodie », revenaient nous rendre visite dans les Laurentides pour un Concert de Noël sous les chandelles. Ce n’était pas évident. À quelques jours de Noël, après toutes les offres de spectacles, de concerts de Noël qui ont enveloppé notre région depuis plus d’un mois, après toutes ces musiques et ces chansons de Noël qui nous suivent un peu partout depuis le lendemain de l’Halloween, est-ce que nous aurions encore le goût d’entendre toutes ces mélodies?

Se poser la question, c’est ignorer le très grand talent des membres du Quatuor Rhapsodie. Fidèles à l’excellence des spectacles qu’elles viennent nous offrir régulièrement dans les Laurentides depuis quelques années, elles sont su éblouir encore une fois le public. Évidemment, l’église plongée dans la pénombre, uniquement éclairée par une trentaine de chandelles, la lumière des lutrins et les sapins de circonstance, sans oublier les interventions judicieuses de Michel Corbeil avec ses informations historiques et ses anecdotes amusantes, ont su ajouter à cette magie particulière de tous leurs concerts.

C’est avec une cantate de Jean-Sébastien Bach, « Jésus que ma joie demeure », qu’a débuté ce concert. C’était une pièce tout indiquée pour mettre la table à ce festin musical. Ce n’étaient pas encore les airs très connus de Noël. C’est avec justesse et progressivement que ces airs se sont imposés dans l’église, comme dans un crescendo bien orchestré. Avant de tomber pleinement dans le thème des Fêtes avec « L’enfant au tambour », c’est l’ « Halleluia » du Messie de Handel qui nous a été offert. En introduction à ce chef d’œuvre musical, Michel Corbeil nous a expliqué que la première fois où cette œuvre a été interprétée par Handel, c’était devant le roi. Ce dernier, ébloui par l’interprétation du « Messie », s’est levé au moment de l’ « Halleluia », ce qui a entraîné automatiquement que toute la cour royale a fait de même. Or, selon la coutume, un peu partout à travers le monde, les gens se lèvent lors de son interprétation, ce que nous a invités à faire Michel Corbeil, au grand amusement des gens.

Même si nous avions eu droit pour finir la première partie à huit interprétations, tirées de Casse-Noisette, le très connu conte de Noël de Tchaikovski, particulièrement en raison de son ballet, c’est dans la seconde partie que nous avons été plongés avec bonheur dans la magie de Noël. Plus particulièrement, il y a deux interprétations qui m’ont charmé. Premièrement, un medley des plus beaux « Ave Maria » (Caccini, Bach, Gounod, Schubert) a suscité des applaudissements encore plus nourris et plus prolongés du public. C’était, il faut le dire, divin dans les circonstances. Puis, l’interprétation du « Minuit chrétien » avait de quoi nous séduire tous. Habitués de l’entendre chanter, c’est à une toute nouvelle écoute, très juste et aussi envoûtante, que nous avons eu droit pour notre plus grand bonheur musical.

Avec ce concert à la hauteur de la réputation qu’il nous offre régulièrement, Michel Corbeil termine une année de près de cinquante concerts un peu partout dans la très grande région de Montréal et des environs. Pour 2010, il a déjà plus de vingt-cinq concerts prévus d’ici l’été. Il sera de retour parmi nous le 20 février, dans l’église de Sainte-Adèle, pour nous offrir la Cinquième symphonie de Beethoven au piano avec Ève Bourgouin. Vous en entendrez sûrement parler dans votre journal virtuel préféré, la 15 Nord.com.

Dans la chanson traditionnelle de Noël dont je faisais référence au début de cette appréciation de texte, il est dit que nous invitons ces trois anges à retourner au ciel. Pour nous, nos quatre anges du Quatuor Rhapsodie, nous ne les invitons pas à retourner au ciel, mais plutôt à revenir nous conquérir encore et encore très bientôt quelque part dans un des très beaux coins des Laurentides.

Pierre Lauzon       
Les éditions Pommamour