La recette gagnante

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Quand un résident de Blainville, Michel Corbeil, a eu l’idée de partager sa passion pour la belle et grande musique, il ne savait pas dans quoi il s’embarquait. D’un côté, il y a le bonheur de partager ce grand amour avec le plus de monde possible, mais qui dit partage dit aussi beaucoup de travail préparatoire, comme quand on décide d’inviter des amis à la maison pour un repas et de doux moments d’échanges.

Cette avant-rencontre comporte sa part de stress. Il faut que les ingrédients essentiels à un rendez-vous réussi soient judicieusement pensés. Il faut savoir mettre la table et, surtout, il faut espérer que nos invités répondront présents à cette offre si chaleureuse. Michel Corbeil passe régulièrement par toutes ces phases. C’est le prix à payer pour que la musique vive. Parmi ces ingrédients essentiels, il y a l’ambiance à créer. Monsieur Corbeil a su développer un concept unique, à savoir l’écoute de la musique à la lueur des chandelles dans des églises, ces temples autrefois religieux, mais de plus en plus musicaux. Il y ajoute sa touche personnelle avec ses textes judicieux et instructifs ici et là dans la programmation. Mais surtout, il sait s’entourer d’artistes peu connus et combien talentueux, comme le fait si bien aussi les Diffusions Amal’Gamme.

En ce premier jour d’octobre, à la cathédrale de Saint-Jérôme, la population laurentienne était invitée à un concert de violons sous les chandelles. Les artistes au programme étaient le Quatuor Rhapsodie. Ces quatre jeunes femmes de très grand talent n’en sont pas à leur première visite parmi nous puisqu’elles performent régulièrement dans une ou l’autre des formules que nous offre Michel Corbeil.

Au menu, des musiques de comédies musicales très connues, des airs d’opéra parmi les plus célèbres et des Ave Maria célestes. C’est ainsi que tous les gens présents ont pu hautement apprécier, entre autres, Over The Rainbow, l’ouverture de Guillaume Tell, l’Heure exquise, Summertime, New York New York, Maria et Tonight de West Side Story, une Suite d’Un violon sur le toit, sans oublier des airs de Carmen et de La Traviata, ou des extraits d’Ave Maria de Caccini, Bach, Gounod et Schubert. À chacune de ces interprétations, les membres du Quatuor Rhapsodie ont été à la hauteur de leur talent et de leur réputation, car nous sommes de plus en plus de mélomanes à apprécier la maîtrise de leur instrument, le violon ou le violoncelle.

À une époque de surabondance dans les offres musicales de toutes sortes, il n’est pas facile de tirer son épingle du jeu pour se faire connaître du grand public. Si on n’a pas un gros budget de publicité, on est alors quelque peu à la remorque des médias qui voudront bien véhiculer notre offre musicale. Michel Corbeil en sait mieux que quiconque la fragilité du succès ou non de ces propositions. Pour qu’un rendez-vous se réalise, il faut au départ que les gens en soient adéquatement informés. Il faut reconnaître qu’à ce chapitre, monsieur Bouvrette de la 15 Nord.com fait un travail essentiel d’informations pour que les Laurentiens et les Laurentiennes le sachent et puissent mettre ce rendez-vous musical à leur agenda.

Ce vendredi soir, à Saint-Jérôme, c’est plus d’une centaine de personnes qui ont répondu à l’invitation. Dans ce très grand temple qui semblait quand même habité, la musique a pu vivre une fois de plus pour le plus grand bonheur de monsieur Corbeil (qui aime donner des rendez-vous sans recevoir de réponses positives?), des quatre artistes (qui aime partager son talent devant une salle plutôt vide?), mais, avant tout, pour le public qui ne demande pas mieux à chaque fois d’être conquis. En ce 1er octobre, tout le monde le fut et en aurait accepté encore et encore. Quand le bonheur est dans la place, pourquoi vouloir le quitter?

Le danger quand on a réussi à implanter une recette gagnante comme celle de Michel Corbeil, c’est que d’autres veuillent se l’approprier et en tirer leur profit. Qu’à l’occasion, un spectacle ici ou là se fasse sous le simple éclairage de chandelles, là n’est pas le problème. Ce qui serait dommage, c’est que cela devienne la norme pour de nombreux spectacles. Ce concept perdrait alors de sa magie. Heureusement, ce serait surprenant que cela arrive.

Les concerts sous les chandelles de Michel Corbeil sont un gage de réussite à chaque fois. Si certains osent l’imiter, la barre est haute pour pouvoir l’égaler. La prochaine fois que vous entendrez parler d’un de ces concerts, n’hésitez pas. Vous irez alors à un rendez-vous assuré avec des moments de bonheur. Ce n’est pas si fréquent par les temps qui courent.

Pierre Lauzon       
Les éditions Pommamour