Entrevue avec Pierre Lauzon

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Monsieur Lauzon nous entretient sur la place du numérique dans l'avenir de notre littérature

La Quinze Nord.com : Monsieur Lauzon, le 23 avril prochain, ce sera la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, journée décrétée par l’O.N.U., journée de la mort de William Shakespeare et de Miguel de Cervantès.

Pierre Lauzon : En effet.

La Quinze Nord.com : Vous écrivez depuis déjà plusieurs décennies. Vous avez publié des livres sur l’éducation, des articles dans plusieurs journaux, dont dans notre journal virtuel, et, dernièrement, un roman. Que représente pour vous cette journée du 23 avril?

Pierre Lauzon : C’est l’occasion de s’arrêter pour réfléchir sur la place du livre, du rôle de l’écrivain et de leur avenir dans ce monde de plus en plus électronique. Cette année, ce sera sans doute plus difficile d’attirer l’attention de la population, compte tenu que cela tombe en plein congé pascal. Toutefois, ce n’est pas une excuse pour l’ignorer. Au contraire, cette journée peut être l’occasion d’une résurrection, d’une nouvelle vie pour le livre. La Quinze Nord.com : Que voulez-vous dire? Serait-ce que le livre se meurt?

Pierre Lauzon : Pas du tout. Le livre est là pour rester. Sous quelle forme? C’est là toute la remise en question de son avenir avec tout ce que cela entraîne. Il y a plusieurs siècles, il fallait s’en remettre à des scribes ou à des moines pour figer sur parchemin ou papier la pensée d’un auteur. Puis, l’invention de l’imprimerie en Europe par Gutenberg au XVe siècle est venue révolutionner et démocratiser énormément la diffusion des écrits de toutes sortes. Cette situation a prévalu pendant plusieurs siècles. Aujourd’hui, l’Histoire nous interpelle pour une nouvelle révolution dans la façon de diffuser les écrits des auteurs, petits et grands.

La Quinze Nord.com : Vous parlez ici de la venue de l’édition numérique en raison de la place croissante non seulement des ordinateurs de tout format dans nos vies, mais aussi des multiples nouvelles plateformes qui nous permettent de lire sans avoir un livre en version papier entre les mains.

Pierre Lauzon : Tout à fait. Nous avons été éduqués, nous avons grandi avec l’idée qu’un livre ne pouvait être qu’en papier (ou son équivalent) et ne pouvait se lire qu’en le tenant entre nos mains. Il y avait même ces sensations reliées à sa manipulation et à l’odorat, parfois. Même si elles continueront toujours d’exister, dans notre monde en évolution, ces sensations sont appelées à se modifier, à être différentes. Quand ce n’est pas une souris que l’on manipule déjà pour lire un texte sur internet, ce sont nos doigts, donc encore une manipulation qui est finalement plus tactile, qui font glisser les textes ou les images sur nos ordinateurs portables, nos ipads ou nos lecteurs numériques.

La Quinze Nord.com : Est-ce à dire que le livre en version papier est appelé à disparaître à plus ou moins court terme?

Pierre Lauzon : Je ne le crois pas du tout. Le livre, tel qu’on le connaît depuis très longtemps, que l’on achète à la librairie, que l’on tient dans nos mains et qu’on aime feuilleter page après page, vivra toujours. Même les grands adeptes de livres numériques continueront d’acheter, à l’occasion, de ces livres qui auront toujours un cachet particulier. Par contre, ce livre traditionnel est inexorablement appelé à côtoyer d’autres supports de lecture qui ont eux aussi leur cachet particulier, peu importe ce qu’en pensent ou redoutent les auteurs, les éditeurs ou les libraires.

La suite la semaine prochaine