Quand on pense tango, ce qui nous vient spontanément à l’esprit, ce sont ces couples qui dansent passionnément sur une scène ou une piste qui demande beaucoup de place pour que cette danse se déploie dans toute sa splendeur. Ce que nous oublions, c’est que le tango, avant d’être une danse passionnée, c’est avant tout une musique aux multiples teintes des sentiments humains.
Pour clôturer sa programmation musicale 2010-2011, notre diffuseur et ouvreur d’art laurentien, les Diffusions Amal’Gamme, a été à la hauteur de sa mission en choisissant le trio Fiestango pour nous initier aux nombreuses facettes du tango argentin. Certes, il y a les classiques comme Jalousie ou La cumparsita. Toutefois, le tango est beaucoup plus que cela. Fiestango est venu à Prévost nous en faire une très brillante démonstration, pour élargir nos horizons de néophytes que nous sommes le plus souvent.
Fiestango est la rencontre de trois jeunes musiciennes qui partage depuis déjà plus de cinq ans une passion commune : le tango. C’est Julie Caron, une pianiste aux multiples prix d’interprétation. C’est Geneviève Bigonnesse, une contrebassiste tout aussi talentueuse. Et c’est enfin Amélie Lamontagne au violon qui est en quelque sorte le cœur de cette musique argentine. Je vous ai déjà parlé de cette dernière, car elle est membre, également, du quatuor Rhapsodie qui présente régulièrement les merveilleux spectacles sous les chandelles organisés par Michel Corbeil. Incidemment, ce quatuor sera dans les Laurentides les 17, 18 et 19 juin prochain pour un concert où des airs d’opéras, de comédies musicales et d’Ave Maria célestes seront au programme.
Jouer un soir de la musique classique ou populaire, puis exprimer sa passion du tango un autre soir, ceci reflète la réalité musicale autant d’Amélie Lamontagne que de l’ensemble de ses consœurs musiciennes. Pour vivre de son art au Québec, il faut savoir développer une large palette d’expressions de sa passion. Les trois membres du trio Fiestango ne font pas que se passionner de tango, elles font souvent partie d’un autre groupe, accompagnent d’autres interprètes de tous horizons et enseignent leur art dans différentes écoles ou camps musicaux, dont celui de Lanaudière où elles sont toutes les trois durant la saison estivale.
C’est donc riche de tous ces bagages d’expériences diverses que ces trois jeunes femmes sont venues sur la scène des Diffusions Amal’Gamme en toute simplicité, avec leur joie de vivre très communicative, pour nous faire partager leur passion commune qu’est le tango argentin. Évidemment, une telle soirée sans Astor Piazzola ne serait pas à la hauteur des attentes. Ce génie de la musique argentine qui nous a quittés, il y a près de dix ans déjà, a eu une place de choix dans le choix de la programmation du trio Fiestango. La moitié des pièces au menu musical était des œuvres de monsieur Piazzola.
C’est ainsi que nous avons pu voir et surtout entendre les multiples facettes du tango. Car, au-delà des grands élans passionnels qui amènent dans la danse des gestes tout aussi développés, le tango est aussi l’expression de toute la douleur des gens. En ce dernier samedi de mai, il n’y avait pas les danseurs ou même les paroles pour exprimer tous les états d’âme du tango. Il n’y avait que la musique argentine dans sa plus pure expression, exerçant cette magie essentielle sur tous les êtres de la Terre. Nul besoin d’être argentin pour communier à cette musique. Fiestango nous en a fait la preuve indéniable à Prévost. Et surtout, nos trois québécoises ont su admirablement la transmettre à tous ces gens qui avaient répondu à l’invitation des Diffusions Amal’Gamme.
Petit fait à noter, le trio Fiestango se promène ici et là dans les écoles du Québec pour faire partager leur passion aux enfants et ainsi ouvrir leurs horizons à une expression musicale trop méconnue chez eux, tout comme elle l’est d’ailleurs pour l’ensemble de la population, qui n’en connaît le plus souvent qu’une facette. Ce sont ces visites dans les écoles, tout comme ces soirées sur scène, qui permettent à un peuple d’enrichir tout autant ses connaissances musicales que sa propre culture.
Si Fiestango existe pour faire la fête au tango et nous éveiller à ses multiples facettes, le défi a été relevé avec grand brio par Amélie, Julie et Geneviève. Merci à vous trois de nous permettre, dans la joie, de nous coucher le soir moins idiot, comme ce fut mon cas en ce samedi soir printanier! Grâce à vous et aux Diffusions Amal’Gamme, nous sommes sortis enrichis et ravis de cette soirée. Que demander de plus… Pierre Lauzon
Les éditions Pommamour