Un vent enlevant

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Quand un samedi soir de mi-janvier nous apporte son lot de froid glacial, il y a plusieurs solutions qui s’offrent à nous. Nous pouvons nous coller sur l’être aimé. Nous pouvons faire une attisée dans notre foyer. Ou nous pouvons tout simplement aller à un spectacle du quatuor Aveladeen. C’est ce qu’ont choisi plusieurs dizaines de personnes des Laurentides et de Laval pour se réchauffer le corps, le cœur et l’esprit samedi soir dernier, le 14 janvier, dans la salle des Diffusions Amal’Gamme, à Prévost.

Ce n’est pas la première fois que ce quatuor vient à la rencontre du public de notre ouvreur d’art laurentien. C’est devenu presque une tradition de commencer une nouvelle année et de souligner le retour de la programmation des Diffusions Amal’Gamme avec ces quatre comparses musicaux. Tellement qu’il y en aurait qui boudent leur plaisir sous le prétexte qu’ils les ont déjà vus. À plus forte raison, si vous les avez déjà vus et appréciés en spectacle, c’est bien mal les connaître que de croire que c’est toujours la même chose. Au contraire.

Avec un nom comme Aveladeen, un groupe ne peut être qu’en mouvement. Si vous ne le savez pas déjà, notre quatuor tire son appellation du mot breton Avel qui signifie vent. Un vent ne peut être inerte, sinon il n’y a plus de vent. Donc, si on est en quelque sorte l’incarnation musicale du vent, on ne peut qu’être mouvement dans tous les sens du mot, tant pour eux dans leurs interprétations que pour le public qui ne demanderait pas mieux que de trouver une immense piste de danse pour suivre leurs rythmes si enlevants.

Aveladeen existe depuis sept ans. L’âme de ce groupe, ce sont Raoul Cyr et Benoît Chaput auxquels s’est rajouté Bernard Ouellette en 2008. Il y a aussi Michel Dubeau qui, avec ses multiples instruments à vent, apportait un son particulier aux musiques d’inspiration celtique d’Aveladeen. J’écris « apportait » parce que Michel ne peut suivre son quatuor pour le moment, étant en tournée nord-américaine avec l’illustre troupe Cavalia. C’est pourquoi les trois premiers comparses ont fait appel au violoniste, Robin Bouliane, pour apporter sa couleur musicale au groupe. Quand on est demandé pour remplacer Michel Dubeau, la barre est haute. Robin Bouliane sait relever avec grand brio ce défi et c’est Aveladeen qui en sort toujours gagnant, car moins d’instruments à vent et plus d’instruments à cordes nous amènent encore et toujours plus loin dans l’enchantement.

En ce samedi soir de janvier, nos quatre complices se sont présentés au public de notre diffuseur laurentien dans une très grande forme. Plutôt, je vous parlais de mouvement, comme tout bon vent se doit de l’être. C’est ce qu’Aveladeen est sur scène. Ils ne sont aucunement statiques tout au cours de leur rendez-vous musical. Parfois, ils s’avancent et se regroupent à l’avant-scène, vers leur public, pour créer une plus grande intimité. Puis, ils se retirent et envahissent toute la scène pour mieux projeter leurs sonorités enlevantes ou tout simplement pensées pour séduire nos oreilles qui ne demandent pas mieux que de l’être.

Pour leur nouveau spectacle, Aveladeen nous avait promis d’y ajouter une nouvelle dimension : le chant. J’avais donc des attentes de ce côté-là. En première partie de leur spectacle, il n’y a eu qu’une interprétation où la voix de nos quatre musiciens venait apporter une sonorité supplémentaire à celles de leurs multiples instruments. En deuxième partie, quand Bernard Ouellette est venu à l’avant-scène nous livrer avec brio « Trois matelots », je me suis dit que notre quatuor avait réservé l’aspect chant pour ce retour après la pause, comme une cerise sur le sundae. J’aurais espéré (et sans aucun doute le public présent aussi) d’autres chansons. Puis, finalement, j’ai compris que la dimension chant est plutôt l’ajout de voix sur certaines interprétations du groupe.

C’est que, voyez-vous, avec un groupe comme Aveladeen, le très gros problème du public, c’est qu’on en veut toujours plus. On ne se « tanne » jamais de les entendre, de les voir évoluer dans tous les sens du terme. Ils nous mettent constamment en appétit de goûter encore et encore à leurs propres interprétations ou à celles d’autres. Aveladeen séduit, charme constamment son public par ses prestations, certes, mais aussi par leur petit côté espiègle, qui nous apporte tellement de bonheur.

Donc, si vous n’étiez pas présent en ce samedi soir glacial à Prévost, j’espère au moins que vous avez pu vous coller sur l’être aimé ou que votre foyer vous a offert sa douce chaleur. En ce qui me concerne, malgré mon auto congelé à ma sortie de la salle des Diffusions Amal’Gamme, c’est le cœur chaud que je suis retourné chez moi, heureux d’un hiver d’Aveladeen qui me réchauffe la « couenne » !

Pierre Lauzon       
Les éditions Pommamour

P.S. : Vous avez le goût de vous faire plaisir, allez écouter Aveladeen en cliquant sur ce lien : http://www.myspace.com/aveladeen .
         

Samedi soir prochain, les Diffusions Amal’Gamme nous offrent encore du bonheur avec le violoniste, Sergeï Trofanov et son vieux complice, Vladimir Sidorov. Un avant-goût ? Cliquez :
http://www.youtube.com/watch?v=YNGh6Ud3D6A .