Pour clore le mois de février de sa programmation annuelle, les Diffusions Amal’Gamme nous offraient la talentueuse pianiste d’origine chilienne, Alejandra Cifuentes Diaz, dans un rendez-vous musical et artistique intitulé, « Les classiques éternels ». Avec un tel titre, cela crée des attentes. Je l’ai déjà écrit, le choix d’un titre ne se doit pas d’être innocent, car c’est souvent ce qui conditionne le public à acheter un billet pour cette rencontre.
Je ne sais pas si c’est notre diffuseur laurentien ou l’artiste qui choisit le titre du programme de la soirée. Peu importe, ce titre ne convenait pas à ce programme de samedi soir dernier. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison que, personnellement, lorsque je lis un tel titre qui est en soi un pléonasme, car tout classique est de par sa définition même quelque chose d’éternel, j’y comprends que c’est pour appuyer sur l’effet classique et que l’on nous offrira parmi les plus grandes pièces connues du répertoire de la musique classique. Ce soir-là, il n’en fut rien. Et je crois que je n’étais pas le seul à avoir de telles attentes. Une dame devant moi a espéré en vain le Clair de lune de Debussy lors du rappel de fin de spectacle.
Ceci étant dit, comprenons-nous bien, le talent indéniable d’Alejandra Cifuentes Diaz n’est nullement remis en question pour autant. C’est que si j’avais payé mon vingt dollars en me fiant au titre du spectacle, j’aurais été déçu et je me serais juré de ne plus me fier au titre, dorénavant. Mais revenons à Alejandra. Elle n’en était pas à sa première visite à Prévost. C’est d’ailleurs à elle que les Diffusions Amal’Gamme avaient fait appel pour lancer sa programmation de la saison dernière, celle 2010-2011. Je vous en avais dit alors tout le talent fou de cette artiste. En ce dernier samedi soir frisquet de février, elle est venue encore une fois, ravissante, à notre rencontre. Dès les premières notes, elle a su séduire son public avec un rondo de Félix Mendelssohn. Puis, tout au cours de la soirée, elle a pris régulièrement le temps de nous présenter les pièces au programme et leur compositeur. Avec beaucoup d’élégance, elle a su nous faire comprendre non seulement le contexte des œuvres, mais également le sens des mots qui, parfois, accompagnaient à l’origine une œuvre en particulier.
Sous ses doigts, la musique nous enchante. Elle sait donner force ou douceur aux œuvres qu’elle interprète. Que ce soit Mendelssohn, Bach, Debussy, Schubert, Brahms ou Moussorgsky, chacun de ces grands compositeurs trouve en Alejandra une fidèle interprète de leur œuvre. Elle joue avec passion et très respectueuse de l’œuvre à faire revivre. Citoyenne du Québec, elle n’a cessé de le démontrer ici et un peu partout à l’étranger.
Pour la dernière œuvre au programme, Tableaux d’une exposition de Modest Moussorgsky, on nous avait annoncé qu’un peintre nous livrerait ses impressions musicales du moment que lui inspirait l’interprétation de cette œuvre de Moussorgsky par Alejandra. J’appréhendais que cette finale du spectacle relèguerait le piano au second plan, comme musique de fond, compte tenu que notre attention serait tournée vers ce peintre créant en direct. Heureusement ou non, il n’en fut rien parce qu’en fin de compte, ce peintre a fait non pas de la peinture, mais plusieurs dessins ou croquis, sur des cartons noirs relativement petits, très mal éclairés par une lumière rouge qui ne les mettaient pas en valeur, dos au public et cachant l’œuvre à naître. Ces conditions ont eu pour effet que, plus on était éloigné de la scène, moins on ne pouvait distinguer ce que l’artiste avait fait, et on se désintéressait rapidement de ce qu’il faisait pour remettre toute notre attention sur l’interprétation d’Alejandra. Ce qui se voulait une idée originale au départ aurait pu être intéressante sans doute dans d’autres conditions.
C’est pourquoi avec ces plus et ces moins, je suis ressorti perplexe de ce rendez-vous musical face à mon appréciation globale. Ce n’est pas parce qu’Alejandra Cifuentes Diaz n’était pas fidèle à elle-même, talentueuse et très communicative. Ce sont plutôt ces attentes déçues et ce peintre qui n’ajoutait finalement rien à ce spectacle. Si vous voulez vous convaincre du talent d’Alejandra, notre semeur de bonheurs, Michel Corbeil, qui était d’ailleurs présent en ce samedi soir à Prévost, nous offrira l’occasion de revoir Alejandra dans ses fameux Concerts sous les chandelles. En effet, elle nous offrira un grand voyage dans l’univers de la musique avec les plus belles œuvres pour piano de Mozart, Beethoven, Schubert, Chopin, Mendelssohn, Schumann, Liszt et Brahms. Michel Corbeil m’a assuré que cette fois-ci nous aurons droit aux éternels classiques pour la majeure partie de cette rencontre très prometteuse. J’y serai. Un de ces rendez-vous est prévu pour le samedi, 24 mars, à Deux-Montagnes, et un autre le samedi 7 avril à Sainte-Thérèse. Pour plus d’informations, allez au http://www.concertchandelle.com/ . Vous ne le regretterez pas.
Du côté des Diffusions Amal’Gamme, le prochain rendez-vous est avec un guitariste classique de très grand talent, Thierry Bégin-Lamontagne, qui nous concocte des Carrefours espagnols, à la veille d’un important concours de guitare classique en Espagne. Du bonheur en perspective ? Un avant-goût ? Cliquez : http://www.youtube.com/watch?v=9Qjuij0jRus .
Pierre Lauzon
Les éditions Pommamour