Alors que tout le monde se questionne sur cette arrivée si soudaine des températures printanières, alors que nous nous doutons bien qu’il est presque impossible que l’hiver nous ait quittés par la porte d’en arrière, faute d’être trop souvent mal aimé, je crois que j’ai trouvé l’explication ou, à tout le moins, le coupable. Ce sont les Diffusions Amal’Gamme.
Comment peut-on programmer deux spectacles aux chaudes sonorités, sans penser deux minutes que cela n’aura aucun impact sur notre vie de tous les jours ? Le premier de ces deux spectacles avait lieu en ce samedi de la mi-mars à la salle de notre diffuseur laurentien, à Prévost. L’invité, un jeune prodige de la guitare classique, Thierry Bégin-Lamontagne. Comme Obèlix, Thierry tire sa force musicale parce qu’il baigne, depuis sa naissance, dans un univers musical. Ses deux parents sont des musiciens et des professeurs de musique à leur école de Cowansville. Thierry nous avait donné rendez-vous pour une rencontre musicale toute espagnole. Même si la réponse du public aurait pu être plus généreuse au niveau de l’assistance, Thierry s’est présenté à nous avec toute la simplicité qui lui convient si bien et surtout son amour communicatif pour la guitare. Depuis l’âge de quinze ans, il fréquente assidûment Alvaro Pierri, un des meilleurs guitaristes au monde, qui a décidé de le prendre sous sa protection et de continuer de l’amener vers les plus hauts sommets de son art. Il y a un an, il a obtenu son baccalauréat en musique avec la plus haute note décernée à l’UQÀM, soit 97%. Thierry a d’ailleurs comme objectif ultime de terminer sa formation musicale à l’université de Vienne avec Alvaro Pierri.
Depuis 2004, Thierry a fait ses débuts dans le monde de la compétition, ici et ailleurs sur notre planète. Après avoir remporté son premier prix à Drummondville, il ne cesse depuis ce temps d’accumuler les plus hautes reconnaissances. Récemment, il a remporté le premier prix dans un concours international de guitare classique en Espagne, un des pays où la guitare est reine. Il faut le faire. Un Québécois qui détrône des espagnols en terre d’Espagne et on n’en a pas entendu parler dans nos médias nationaux, c’est une honte médiatique ! Comme quoi, il y en a tellement des nôtres qui performent et sont notre fierté à l’étranger, même s’ils triomphent dans une certaine indifférence ou ignorance médiatique, à l’heure où, supposément, tout se sait maintenant dans notre beau grand village global !
Thierry est de cette race d’humains qui nous prouve que c’est trop facile de se réfugier derrière mille et une excuses pour ne rien faire. Même s’il fait partie de cette jeunesse qu’on traite trop souvent de nonchalante, même si Thierry souffre du syndrome de Gilles de la Tourette, rien n’y paraît quand il se présente devant nous pour nous communiquer sa passion de la musique à travers sa guitare. Il n’y a plus alors d’handicap. Il n’y a qu’un jeune en pleine possession de son art.
C’est ce que nous avons vécu dans la salle des Diffusions Amal’Gamme. Même si, au premier abord, en regardant le menu musical de la soirée, les noms des œuvres, pour la plupart, ne nous disent pas vraiment de quoi, même si les titres et les explications de Thierry ne nous allument pas automatiquement sur l’air à venir, dès les premières notes, nous tombons sous le charme et nous reconnaissons ces airs pourtant si familiers, pour notre plus grand bonheur. Car, Thierry a su doser son menu musical pour nous offrir des œuvres moins connus, mais surtout, plusieurs autres qui nous transportaient en quelque sorte en Espagne par la connaissance que nous avions déjà de l’œuvre. Il aurait été avantageux d’avoir un micro pour les présentations de Thierry et pour mieux saisir les sonorités des œuvres, tellement certaines sont comme de la fine dentelle.
Après une première partie très réjouissante pour tous, Thierry a du amputer sa deuxième partie, sinon il aurait été capable de prolonger encore et encore cette soirée, même si elle était sous le signe du bonheur. C’est pourquoi, il nous a offert immédiatement son dessert, le Concerto d’Aranjuez. Habituellement, ce n’est que l’Adagio que nous entendons et qui nous est si familier. Thierry nous l’a présenté dans sa totalité avec ses deux Allegro. Pour l’accompagner au piano, qui de mieux que Joanne Bégin, sa mère, et son père comme tourneur de pages pour Joanne. Du bonheur familial communicatif.
Après avoir remporté récemment le premier prix en Espagne, Thierry a été invité à donner un spectacle en Allemagne par un des membres du jury, ce qu’il s’est empressé d’accepter au début de mars. De circonstances en circonstances, il a appris qu’un autre concours de guitare aura lieu samedi prochain en Allemagne et qu’il était fortement invité à y participer. Même si le défi est de taille, car il doit apprendre plusieurs œuvres obligatoires en très peu de temps, Thierry veut être à la hauteur de ce défi. Nous n’avons aucune raison de croire qu’il en sera autrement. Merde, Thierry ! Et donne-nous rapidement de tes nouvelles, car le Québec a le droit de savoir qu’une autre de nos lumières québécoises brille ailleurs sur notre planète.
Vous en voulez encore de la chaleur ? Les Diffusions Amal’Gamme vous convient samedi prochain, le 24 mars, à leur salle de Prévost, pour rencontrer trois québécois qui savent marier des œuvres classiques et populaires à la sauce cubaine, les No Son Cubanos. Encore une douce chaleur en perspective ! Un avant-goût ? Cliquez : http://www.youtube.com/watch?v=Eo5I30RLXeM .
Pierre Lauzon
Les éditions Pommamour
Commentaires
Tout a été très bien dit! Félicitations!
La différence assumée est gage de succès.
Je souhaiterais que les succès des nôtres soient beaucoup plus médiatisés.
Merci d'y contribuer!
Germaine Citer