Le gouvernement a-t-il les moyens de ses ambitions?
L’Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec (AREQ), qui regroupe plus de 55 000 personnes aînées, accueille positivement les grandes orientations contenues dans la politique sur le vieillissement dévoilée aujourd’hui par le gouvernement du Québec, mais demeure sur son appétit en ce qui a trait aux mesures et surtout aux ressources qui y seront allouées. « À en juger par l’ampleur de l’annonce d’aujourd’hui, que le gouvernement qualifie d’historique, on croirait presque qu’il propose une révolution dans la manière d’aborder le vieillissement. Si on veut que la politique gouvernementale dépasse le stade des vœux pieux, elle doit s’accompagner d’une volonté ferme, de mesures réellement adaptées aux besoins des personnes aînées et, surtout, des ressources et du financement adéquats », a souligné le président de l’AREQ, Pierre-Paul Côté.
En effet, les budgets annoncés dans le cadre de la politique gouvernementale sur le vieillissement étaient déjà largement connus, notamment depuis le dernier budget. Au surplus, ces investissements, qui peuvent paraître importants au premier coup d’oeil, prendront véritablement effet seulement dans cinq ans. Aussi, ils semblent pour beaucoup constituer des montants reconduits ou des réallocations budgétaires.
Une politique globale
Cela dit, l’AREQ salue le fait que la politique couvre différents aspects du vieillissement, comme la contribution des personnes aînées à la société, plutôt qu’uniquement le vieillissement chez soi, tel qu’initialement prévu. Il s’agissait d’ailleurs d’une recommandation formulée par l’AREQ lors des consultations entourant la préparation de la politique gouvernementale.
D’autre part, plusieurs actions ciblées dans la politique, comme la conciliation travail-retraite-famille et l’adaptation des milieux de vie, apparaissent pertinentes et méritent d’être bonifiées. Toutefois, l’AREQ aurait souhaité que le gouvernement aille plus loin, particulièrement dans le domaine de la santé, en revoyant la manière dont sont dispensés les services aux personnes aînées.
Un guichet unique
Dans cette perspective, il apparaît fondamental de diriger les services vers les personnes plutôt que l’inverse. À cette fin, l’AREQ proposait notamment la création d’un guichet unique pour les personnes aînées, que ce soit pour des services aux personnes proches aidantes, pour les services et soins à domicile, les mécanismes d’hébergement, les programmes d’aide et les crédits d’impôt. Ce guichet unique pourrait être le réseau des CLSC.
L’AREQ a aussi proposé, dans le cadre des consultations, l’adoption d’une charte des droits des personnes aînées en perte d’autonomie qui déterminerait notamment la couverture de soins et de services de longue durée assurée par le réseau public à laquelle la personne âgée a droit, selon ses besoins. Elle réclamait en outre que le gouvernement se dote d’une vision globale des besoins actuels et futurs. Le gouvernement a plutôt choisi d’adopter un bouquet de mesures souvent disparates dont il est difficile de mesurer, aujourd’hui, les retombées réelles et durables.
« Nous ne sommes pas convaincus qu’avec cette politique, le gouvernement se donne les moyens de ses ambitions. Tout en l’accueillant positivement, nous en surveillerons de près la mise en œuvre, car le passé a démontré que les actions du gouvernement ne suivent pas toujours ses paroles. Vieillir et vivre ensemble, ça ne doit pas être qu’un slogan, cela doit être une réalité pour toutes les personnes aînées, autant celles qui sont en santé que celles qui sont en perte d’autonomie et dont on doit prendre soin collectivement », a conclu le président de l’AREQ, Pierre-Paul Côté.