Quand le rideau tombe

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Comme ce titre semble d’une autre époque ! Car, concrètement, cela n’existe plus ce rideau qui se ferme ou qui tombe, tant au cinéma que dans une salle de spectacles. C’est bien malheureux. Nous avons ainsi perdu cette part de mystère qui entourait tout rendez-vous culturel. Tout est dorénavant livré crument. Au diable, l’emballage ! Pourtant, cet emballage existe toujours, heureusement, pour les cadeaux. Un film, un spectacle, ne sont-ce pas des cadeaux ?

Peu importe, l’expression garde toujours son sens. Quand le rideau tombe signifiera toujours la fin d’un spectacle ou d’une programmation. Pour notre diffuseur laurentien particulier que sont les Diffusions Amal’Gamme, le rideau vient de tomber sur une autre année de très grande qualité. Son offre musicale diversifiée a su séduire un public aux goûts variés. Encore une fois, sans ce diffuseur, que d’artistes nous n’aurions pu connaître parce que notre ouvreur d’art a justement l’art de dénicher, de mettre sous nos lumières des perles, des révélations de l’immense coffre aux trésors culturels de notre planète, que les immenses ressources ou projecteurs des empires laissent trop souvent dans l’ombre. Quand on prend connaissance de la programmation de notre diffuseur laurentien, c’est comme se retrouver au pied de l’arbre de Noël devant de nombreux cadeaux aux emballages si attrayants, tout en demeurant si mystérieux. On sait que, parmi ceux-ci, il y en aura qui vont nous combler d’un très grand bonheur, mais qu’il y en aura d’autres qui nous laisseront sur notre faim ou, peut-être, qui nous décevront. Mais n’est-ce pas cela la magie d’un Noël ? Aller vers l’inconnu et cueillir ici et là des moments de bonheur ?

C’est ainsi qu’encore cette année, nous avons déballé un à un ces cadeaux musicaux. Et du bonheur, il y en a eu dans la salle de spectacles des Diffusions Amal’Gamme. Nous n’avons à penser qu’au classique fait jazz par le talentueux pianiste Matt Herskowitz, au soleil musical de Cristina Altamura, au vent de renouveau du quintette Cuivrez-vous bien !, au charme et au doigté exceptionnel de Vladimir Sidorov et de son accordéon, au jazz manouche et à la douce folie de Christine Tassan et les Imposteures, à la jouissance d’un  piano entre les mains de Lucille Chung, à notre appétit insatiable pour le quatuor Aveladeen, au charme russe de Sergeï Trofanov et de son violon, à la jeune virtuosité de Yogane Lacombe, au côté crooner du quatuor U Swing, au prodigieux et généreux guitariste Thierry Bégin-Lamontagne, aux fourmis dans nos jambes à cause du trio No Son Cubanos, à la séduction du nouveau Quatuor Orford, à la fascination du pianiste mexicain Arturo Nieto-Dorantes, au goût estival de l’Ensemble En-le-vent ou au génie musical de Robin Pan. Comment être déçu devant de si beaux cadeaux ?

Quelques cadeaux nous ont laissés perplexes. Le baryton Charles Prévost et le pianiste Francis Perron nous avaient promis un rendez-vous avec la musique et les poèmes de Gilles Vigneault. Même si l’œuvre de Vigneault est immense, ils n’ont su que nous donner une première partie réussie, Vigneault étant, semble-t-il, parti à l’entracte. Malgré son talent indéniable, le pianiste Jonathan Jolin a manqué de la vibration nécessaire pour que le courant musical passe entre lui et le public. La très talentueuse pianiste Alejandra Cifuentes-Diaz nous avait promis des classiques éternels. Ils en étaient sûrement, mais pour les grands érudits de la musique classique. La seule déception, le cadeau dont on se serait très bien passé, c’est le spectacle bâclé de l’Ensemble Transatlantik Schrammel qui manquait nettement de professionnalisme, malgré leurs années d’expérience.

Comme vous le constatez, les Diffusions Amal’Gamme ont été à la hauteur de leur réputation, c’est-à-dire une offre musicale de très haut niveau. Si certains n’ont pas répondu aux attentes, on ne peut tenir responsable notre diffuseur laurentien. Ce n’est pas lui qui est sur scène. Il offre une tribune exceptionnelle pour permettre à des artistes d’ici et d’ailleurs de faire vivre leur art. C’est à eux et à elles de répondre véritablement présents et de séduire leur public.

Là où les Diffusions Amal’Gamme auraient intérêt à bonifier leur offre musicale, c’est au niveau de la visibilité. Pour certains artistes, dont les pianistes, il devient difficile parfois de bien voir leur doigté à l’œuvre. En fonction des gens des premières rangées et plus on s’éloigne de la scène, il devient pénible, voire impossible de voir vraiment le clavier du piano. Pourtant, les gens des dernières rangées paient plus cher que ceux des premières rangées. Je suis convaincu que, de concert avec la ville de Prévost, notre diffuseur saura trouver une solution, soit en haussant la scène, soit en ajoutant une caméra fixe sur le clavier, le tout relié à un écran, ou toute autre solution qui règlerait le problème. Car, en fin de compte, toute personne qui répond à ce rendez-vous musical désire non seulement entendre l’artiste au programme, mais aussi très bien le voir.

Un gros merci à Diffusions Amal’Gamme pour cette année toujours aussi riche ! L’offre musicale pour 2012-2013 s’avère elle aussi très prometteuse. Surveillez le site web de ce diffuseur pour de plus amples informations : http://www.diffusionsamalgamme.com/ . Au plaisir de déballer tous ces nouveaux cadeaux !

Pierre Lauzon    
Les éditions Pommamour