L’espoir, c’est de savoir que le piètre mois d’avril 2011 est du passé et qu’enfin le printemps peut s’épanouir dans toute sa splendeur et sa richesse. L’espoir, c’est d’aller à la rencontre de deux printemps musicaux et de constater qu’ici même, la relève est pleine de promesses pour des jours le plus souvent ensoleillés.
En cette magnifique journée de fin d’avril, notre diffuseur laurentien, les Diffusions Amal’Gamme, nous avait donné rendez-vous pour nous offrir deux jeunes virtuoses de 2011. L’heureux premier constat fut de voir que les gens avaient répondu en grand nombre à cette invitation musicale. Même si c’était deux ados avec des œuvres classiques au programme, l’intérêt était palpable pour entendre ces espoirs d’aujourd’hui et de demain dans la salle de l’église Saint-François-Xavier de Prévost.
Pour la première partie du concert, c’est le talentueux pianiste, Alexandre Robillard, que nous avions eu le plaisir d’entendre et de voir en prestation l’année dernière et dont je vous avais fait part de tout son potentiel, qui est venu nous faire partager son évolution sans cesse croissante. Maintenant âgé de quinze ans, Alexandre a été à la hauteur de nos attentes. Celui-là même qui recherche à avoir plusieurs cordes à son arc musical, puisqu’en plus d’étudier le piano, il s’intéresse aux autres instruments de musique, il aspire à devenir chef d’orchestre à l’image de Maestro Michel Brousseau qui fut un de ses maîtres pendant trois ans.
Ce sont des œuvres de Mendelssohn, de Prokofiev, de Schubert, de Ravel et de Franz Liszt, dont c’est le bicentenaire de sa naissance cette année, qui constituaient ses choix musicaux. À chaque interprétation, nous avons pu retrouver chez Alexandre toute la virtuosité que nous lui connaissons déjà. Ses doigts se promenaient allègrement sur le piano, le plus souvent avec beaucoup de fougue, à l’image même d’une jeunesse en pleine possession déjà, si cela peut être possible, de son potentiel qui ne cesse de grandir et de s’épanouir.
Malgré un petit problème technique qui l’a obligé à nous interpréter les Variations sérieuses de Mendelssohn sans l’éclairage du clavier de son piano et son veston qui semblait l’ennuyer, Alexandre n’en laissera rien paraître et très posément chercha à régler ces deux contraintes pour mieux poursuivre la présentation de son programme de la soirée. Le public fut ravi et touché de voir ce talent s’épanouir sous ses yeux. Il en aurait pris facilement encore plusieurs autres œuvres. Une soirée complète avec uniquement Alexandre Robillard, c’est sûrement à envisager et à espérer dans un avenir pas trop lointain. Il a tout ce qu’il faut pour captiver un public pendant toute une soirée.
En deuxième partie du rendez-vous des Diffusions Amal’Gamme, nous avions l’occasion de connaître une nouvelle lueur d’espoir pour l’avenir de cet art si important dans toutes nos vies qu’est la musique. C’est le violoncelliste, Stéphane Tétreault, qui avait le défi de prolonger l’ambiance créée par Alexandre Robillard. Si le piano nous est depuis longtemps un instrument très familier à nous tous, le violoncelle l’est beaucoup moins. Il y a bien Jorane qui réussit avec succès à nous charmer et à nous mieux faire connaître cet instrument souvent obscur dans notre univers musical, mais ce n’est pas évident de s’offrir ainsi à un public dans des prestations d’œuvres classiques de Tchaikovsky, de Hindemith, de Bach ou de Debussy. Ce ne sont nullement des œuvres facilement accessibles, tant pour l’interprète que pour le public. C’est plus aride que le piano.
Stéphane Tétreault a su relever ce défi de taille. Notre violoncelliste de dix-sept ans a su nous démontrer de quel bois il savait quand même nous réchauffer en ce véritable début de printemps. Celui-là même qui étudie le violoncelle depuis plus de sept ans sous la tutelle de Yuli Turovsky, un des grands maîtres de la musique classique, il n’a cessé de faire corps avec son instrument. Chaque émotion qu’il tentait de nous communiquer avec son violoncelle, nous sentions qu’il la vivait pleinement au premier chef. Très expressif dans ses interprétations, parfois accompagné du pianiste, Sasha Guydukov, il a su nous communiquer sa passion pour son art.
C’est donc grâce à ces deux très grands interprètes que nous avons eu le bonheur de passer une très agréable soirée. Toutefois, pour être fidèle à leur condition actuelle d’ado, tant l’un que l’autre ne savaient trop que faire de leur grand corps entre leurs interprétations et ne se sentaient pas suffisamment à l’aise pour s’entretenir avec le public, pour présenter, ne serait-ce que brièvement, l’œuvre qu’ils s’apprêtaient à interpréter. Ce sont de très légers détails qu’ils sauront sûrement corriger dans un proche avenir. S’ils sont très à l’aise quand ils sont dans leur univers respectif, ce l’est moins, pour le moment, quand ils reviennent dans notre univers… plus terre à terre.
La mort de la musique classique est très loin d’être pour demain, car de nombreux espoirs sont et seront là pour la faire vivre pendant encore de nombreuses décennies. Si j’avais à voter pour des espoirs remplis de potentiels et de promesses, c’est pour vous, les gars, Alexandre et Stéphane, que je voterais parce que je sais qu’avec vous, la musique en sortira gagnante.
Pierre Lauzon
Les éditions Pommamour