Alors que les vidéoclubs ferment leurs portes les uns après les autres écrasés devant la popularité de la location de films en ligne, les Ciné-Clubs survivent et offrent le septième art autrement. Casaniers les cinéphiles des Laurentides? Oui et non!
Un Ciné-Club propose plus quʼune simple projection en salle et sa programmation diffère énormément de celle proposée par les mégaplexes commerciaux à saveur hollywoodienne. «Chez nous, par exemple, cʼest la présence des réalisateurs et autres artisans du film qui amènent notre public à se déplacer, explique Julie Corbeil, présidente du Ciné-Club de Prévost. Nous présentons majoritairement des oeuvres documentaires qui suscitent des débats et une réflexion.»
Ailleurs dans la région, le Ciné-Groulx de Ste-Thérèse et le Ciné-Marais de Val-Morin continuent dʼoffrir une programmation de qualité alliant fiction et documentaire. Mais lʼachalandage nʼest pas ce quʼil était selon Frédéric Lapierre, coordonnateur et animateur de Ciné-Groulx. Lʼhomme côtoie lʼunivers des cinéclubs depuis toujours et sʼattriste de voir les salles désertées. « Si je prends l'exemple de Ciné-Groulx, en 2004, il était presque normal d'avoir 200 spectateurs par films. Nous avions quelques fois 400 personnes, et une fois l'an, de 600 à 800. Aujourd'hui, pour différentes raisons, c'est une grande victoire d'avoir 200 personnes.» Et pourquoi ce désintérêt à son avis? «En fait, c'est le 3D qui a gardé les gens dans les salles commerciales. Le reste, à ce qu'on m'a dit, a chuté en terme d'achalandage. Probablement, parce que l'offre télé est très forte depuis quelques années, avec les chaînes spécialisées. Cʼest tentant de rester à la maison! » Difficile donc pour une ciné-clubs dʼaller chercher un public qui ne visite à la base plus les cinémas.
Une deuxième vie aux films
Les cinéastes indépendants font face à une industrie puissante qui laissent peu dʼespace à leurs oeuvres. «Difficile de compétitionner avec des compagnies de production qui dépensent des millions de dollars en promotion», soutient la réalisatrice Julie Hivon. À la même période lʼan dernier, celle-ci amorçait une tournée des ciné-club de la province. Malgré les excellentes critiques a lʼégard de son film «Tromper le silence», lʼoeuvre sʼétait vu rapidement retiré des cinémas commerciaux. Le nombre dʼentrées en salle dans les premiers jours de sa diffusion nʼétait soi-disant pas rentable comme cʼest souvent le cas pour notre cinéma québécois. « Les Ciné-Clubs nous permettent dʼoffrir une seconde vie en salle à nos films en plus de pouvoir rencontrer le public après les projections », explique la cinéaste.
Tisser les liens
Lʼactivité des Ciné-Clubs nʼest donc pas désuète et tient même un rôle important dans lʼindustrie cinématographique de la belle province. Tous les coordonnateurs de ces réseaux rencontrés sʼaccordent sur lʼimportance de projeter des films qui interpèlent le public local. «Il faut tisser des liens avec l'environnement immédiat pour assurer la pérennité des ciné-clubs. Et il faut continuer à être à la fois intelligent, généreux, et audacieux, dans nos programmations», conclut Frédéric
Lapierre.
Pour en savoir plus sur les ciné-clubs de la région et leur programmation dʼhiver, voici quelques liens utiles.
http://www.cineclubprevost.com
http://www.theatredumarais.com
http://www.odyscene.com/