Trois IGA Extra Daigle : Un « Épicier d'Or »

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« Les produits locaux, ça crée une animation »
 
« Promouvoir les produits des producteurs des Laurentides, ça fait partie de notre philosophie de travail, depuis l'ouverture du premier supermarché Daigle par mon père Jacques, en 1983. » Luc Daigle est très fier de le rappeler et il serait bien difficile d'en douter. Un kiosque de petits fruits, alimenté par un producteur de la Côte Saint-Louis à Blainville, est installé à la porte d'entrée du supermarché. À l'intérieur, des présentoirs identifient la provenance locale de légumes, de fromages et de viandes raffinées. Plus, un département complet est dédié aux produits du terroir des Laurentides et des autres régions du Québec.
Patrice Paquette, VP de la Table de concertation agroalimentaire des Laurentides, Luc Daigle, propriétaire IGA Extra Daigle de Ste-Thérèse et Boisbriandm Jean-Paul Cardinal, Maire de Ste-Adèle et membre de la CRÉ des Laurentides ¨(Photo Sébastien Rivest)
 
    « Les produits locaux, ça crée une animation. Les gens ont l’impression de marchander avec le producteur. Ils aiment s’attarder autour d’un kiosque et jaser de tout et de rien », ajoute Luc Daigle, copropriétaire avec son frère Robert des trois supermarchés Daigle des Laurentides, l’un à Boisbriand, deux à Sainte-Thérèse.
 
    Les supermarchés IGA Extra Daigle remportent la palme de l’Épicier d’OR de l’INDICE CIBLE-Chaire Bombardier de l’Université de Sherbrooke, décernée par la Table de concertation agroalimentaire des Laurentides à la suite d’une étude comparant les efforts de mise en valeur des produits régionaux dans 57 magasins d’alimentation des Laurentides. L’étude s’est intéressée spécifiquement aux épiceries associées à Sobey’s, Métro et Provigo-Loblaws-Maxi.
 
    L’entreprise dirigée par les frères Daigle et fondée avec leur père Jacques, décédé en mai dernier, s’est méritée cette distinction après avoir accumulé le plus grand nombre de points dans cinq catégories, tous portant sur les produits régionaux, soit l’étendue de l’offre, la qualité de l’aménagement, la publicité sur le lieu de vente, la publicité de masse et les politiques du magasin. Les données ont été recueillies par la méthode d’observation en magasin et à la suite d’une entrevue avec un membre de la direction par des membres de la Chaire Bombardier de la gestion de la marque, créée en 2004 et dédiée à la diffusion de la connaissance dans le domaine.
 
    Ce succès, Luc Daigle l’attribue à plusieurs causes. « Nous entretenons une relation très personnalisée avec beaucoup de fournisseurs locaux. Plusieurs ont développé une expertise de mise en marché. Et cela paraît. Je ne pourrais pas le quantifier avec précision, mais je dirais facilement qu’en pleine saison, qu’il se vend deux fois plus de fraises à partir d’un kiosque tenu par un producteur local que si elles sont fournies par la maison mère, Sobey’s ».
 
Photo: Le supermarché IGA Extra Daigle de la rue Blainville Est à Sainte-Thérèse compte une boutique des produits du terroir et a confié à une employée, Mme Claudine Ouellette, la responsabilité de conseiller les clients sur leurs achats. Nous la reconnaissons en compagnie du copropriétaire Luc Daigle. (Photo Michel Chartrand)
 
Avoir du flair
 
    Faut dire aussi que les copropriétaires des supermarchés Daigle ont un flair incomparable pour précéder les tendances et faire les choix d’investissement qui leur permettent d’être prêts lorsque la vague déferle.
 
    Cette manière de faire des affaires repose sur une solide expérience du secteur de l’alimentation, retransmise de père en fils. En effet, après une longue carrière au service de l’entreprise Provigo, à titre de Directeur général Est du Québec, Jacques Daigle acquiert en 1983 un premier marché d’alimentation à Saint-Antoine-des-Laurentides. L’entrepreneur est réputé accorder une place de choix aux producteurs locaux entre juin et octobre. L’année suivante, il ouvre une autre épicerie à Saint-Jérôme et son approche avec la clientèle et les fournisseurs fait école. En 1988, Jacques Daigle est honoré par la Fédération des chambres de commerce du Québec qui lui décerne le Mercure du commerce du détail, devenant ainsi le premier et le seul marchand d’alimentation du Québec à se distinguer de la sorte au cours des Mercuriades. Durant toutes ces années, Jacques Daigle défend les intérêts des fournisseurs locaux. Il témoigne de leur professionnalisme et de la qualité de leurs produits devant plusieurs Comités et Commissions d’étude sur l’alimentation et l’agriculture.
 
    En 1994, Jacques Daigle s’associe à ses deux fils, Luc et Robert, également épiciers, et joint les rangs de la bannière IGA. Sentant monter la tendance du supermarché à grande surface, ils dessinent des emplacements boutiques et incluent des services à l’alimentation. La nouvelle équipe Daigle procède à une série d’achats et de relocalisations de magasins, tout en invitant des producteurs locaux à les suivre dans cette aventure.
 
Créer une synergie régionale
 
    « Nous avons offert à des producteurs locaux de nous garantir un approvisionnement exclusif. Tout le monde y trouve ainsi son compte », explique Luc Daigle. Il ajoute que l’esprit de collaboration qui les anime soutient l’économie régionale. « Ce sont des gens qui n’ont pour la plupart qu’une saison pour réaliser leurs revenus de l’année. Malgré tous les risques financiers qu’ils prennent, les producteurs nous fournissent des fruits et des légumes d’une fraîcheur incomparable. Nous les considérons comme des membres indispensables de notre équipe », précise Luc Daigle. Pas étonnant que les producteurs soient ouverts à participer à des promotions publicitaires et à planifier des événements qui fidélisent la clientèle.
 
Loulou Despaties est une employée des Fermes Gravel depuis cinq ans. Elle est responsable du kiosque installé aux portes du supermarché IGA Extra de la rue Blainville Est à Sainte-Thérèse. (Photo Michel Chartrand)
 
    C’est avec la complicité de producteurs locaux notamment que les supermarchés Daigle ont eu l’idée d’offrir des plats cuisinés et de suggérer des recettes audacieuses. Par exemple, pendant une fin de semaine, les supermarchés ont offert en dégustation des croissants de la Petite Bretonne, confectionnés à Blainville, avec du fromage d’Oka et des confitures de fraises d’un producteur de Sainte-Anne-des-Plaines. « Nous travaillons à mixer divers produits locaux pour que les consommateurs comprennent qu’il est possible de bien manger avec des produits d’ici. En général, ils sont contents d’encourager l’économie régionale », raconte Luc Daigle.
 
    Il aimerait bien suivre cette même philosophie avec les produits biologiques, dont la demande est croissante, mais il fait face à un important problème de volume d’approvisionnement. « Si nous pouvions acheter des produits biologiques localement, c’est certain que nous vendrions tout! » prédit-il.
 
    Avec les produits du terroir, les Daigle ont fait plus que suivre le mouvement. En plein centre du magasin, ils ont créé un département qui regroupe près de 250 produits divers, allant de la confiture au porto à la vinaigrette douce, aux vins et cadeaux divers en provenance d’artisans de la région et d’ailleurs au Québec. « Nous avons fait fabriquer des étagères et des présentoirs en bois par un ébéniste local », raconte fièrement Luc Daigle.
 
Changer les règles du jeu
 
    À son avis, Sobey’s, la maison mère de la bannière IGA, a beaucoup évolué dans les dernières années pour permettre aux marchands d’établir des ententes avec des producteurs locaux, sans passer par leur intermédiaire. « À l’intérieur de la politique de concentration des achats, Sobey’s nous accorde une certaine marge de manœuvre. L’entreprise fait aussi des achats auprès de producteurs locaux. Elle complète ainsi notre offre », explique Luc Daigle. Mais, il ne fait aucun doute dans son esprit que le gouvernement du Québec doit encourager avec vigueur la création de divers outils de promotion et de visibilité. « Si nous avions un blason dans les Laurentides, c’est certain qu’on le mettrait bien en vue ! ».