Le présent imite souvent le passé...
Le passé prépare l'avenir !
L'agglomération du Grand Héron |
La Tribune |
Écrit par Gilles Bouvrette |
Édition du 14 Juillet 2004 Saviez-vous que ce territoire est la partie Nord du village de la Chapelle? Vous vous souvenez sans doute la forme sinueuse de la feue rue Brière à cette hauteur. Et bien sachez que cette forme épousait la rivière du Nord. Les colons lorsqu'ils prirent possession de leur terre se construisirent d'abord sur les bords de la rivière.
Le développement du secteur Brière (soit la limite des terres d'un mille de longueur) se fit beaucoup plus tard. Certaines terres du côté nord de la rivière devinrent progressivement propriété de l'usine Rolland. C'est sur ces terres que l'usine construisit son bassin d'épuration et un peu plus tard ce fut au tour de la municipalité de Saint-Jérôme. Le terrain où se construit présentement le Home Dépôt était naguère la terre des Danis et des Gratton.
Le pont des Gratton
On se souvient bien, du moins ceux de ma génération, du pont des Gratton. Au début du siècle, ils avaient construit un pont suspendu qui soutenait un tablier de bois. Ce pont reliait les deux rives. On a aperçu ses piliers de bois ainsi que les câbles d'acier jusqu'à la construction de la 158. Les câbles, eux, furent retirés de la rivière lors de l'installation du gazoduc. Monsieur Gérard Paquette se souvient bien d'avoir traverser le pont avec son tracteur. Ce pont n'était pourtant pas conçu pour recevoir un motorisé. Il m'a raconté son exploit qui date de 1938 assurément. Ce pont me dit-il avait coûté 4000$ lors de sa construction. Un incident dont il m'a fait part est que monsieur Gratton voulait faire traverser ses quatre vaches qu'il venait d'acheter et l'une d'elle, prise de panique, était tombée dans la rivière. Pour ainsi dire, il ne l'a plus revue. À part cet incident, il me confirme qu'il n'y a eu aucun accident sur ce pont qui d'après lui fut condamné en 1940. Dans le DVD sur les origines de Saint-Jérôme on y présente un court vidéo sur le sujet et vous pourrez ainsi voir les vestiges de ce pont.
L'aqueduc
Pour la construction du Home Dépôt les ingénieurs ont rencontré un problème majeur, l'eau! Il y a tellement d'eau dans ce terrain qu'elle jaillissait de la terre au moindre coup de pelle. Lorsque j'ai rencontré le responsable du chantier, ce dernier me racontait qu'on y avait relevé au moins cinq veines principales et qu'ils ont dû les dévier pour les canaliser dans une seule source. Puis vint le tour de son assistant de m'expliquer que le phénomène de cette accumulation de tant d'eau est provoqué par la pression du roc face à la masse phréatique. Cette poussée fait jaillir l'eau à la surface. Présentement cette source canalisée longe la nouvelle rue Valmont pour alimenter un lac à truites, tandis que le trop plein prend la direction de la rivière du Nord.
Ce n'est pas pour rien qu'en 1874 (date du contrat notarié) des cultivateurs ont construit un aqueduc qui desservirait le village de la Chapelle. Un bassin réservoir en béton de 17 pieds par 14 pieds fut donc érigé sur la terre de Anselme Guénette, (propriétaire à l'époque de la terre). Des tuyaux de bois en épinette rouge transféraient l'eau par gravité jusquÙau village sur une distance d'un mille. Pour traverser la rivière du Nord, des tuyaux de métal remplaçaient les tuyaux de bois. Ces tuyaux passaient sous la rivière où fut construit un peu plus tard le pont des Gratton. Cet aqueduc alimentera progressivement Saint-Antoine. Du moins, je sais que l'eau se rendait bien chez Édouard Gingras (Gingras Ressort) .
Une anecdote que Margot Gingras, fille d'Édouard (2e maire de Saint-Antoine), m'a raconté et je cite : <Le jour où je suis née, ma mère en puisant de l'eau a eu la surprise de voir atterrir dans son sceau une grenouille, cette frayeur aurait accéléré ma venue au monde. Et moi, j'ai toujours peur des grenouilles>. Le réservoir était pourtant bien couvert par un toit et bien entouré de murs (Margot le décrit comme étant un gros tas de bois), parait-il que ces intrusions des non conviées arrivaient au mois de mars lors du dégel. Il semble que le tuyau de bois raccordé au tuyau de métal au pont Gratton se fissurait, attribuable aux fortes pressions des glaces.
Lors de l'arrivée de l'électricité, on a pu installer une pompe qui augmenta la pression de l'eau. Cette pompe favorisa la vie à certains résidants qui devaient se servir d'une pompe à eau. C'est le début du modernisme du village de la Chapelle.
Le service de l'aqueduc fut interrompu entre 1963-64 me confirme Louis Marie Bertrand (secrétaire trésorier de la municipalité de Saint-Antoine à l'époque). Le village de la Chapelle maintînt ce service quelques années de plus avant de se brancher à l'aqueduc de Saint-Antoine. Les deux derniers responsables de l'entretien du réseau furent Aimé Bouvrette alors boulanger au village et Jacques Nadon .C'est la découverte par Berth Garvey d'une rivière souterraine derrière l'église de Saint-Antoine qui permit le remplacement du service désuet d'un aqueduc centenaire. Notez que c'est toujours cette rivière souterraine qui approvisionne le village de la Chapelle.
Tuyaux
Gilles Bouvrette et les tuyaux de bois
J'ai réussi à récupérer deux tuyaux de bois juste à temps avant les grands bouleversements. Vous pouvez venir les voir au site de la Chapelle, ainsi qu'un panneau explicatif avec photos. Pour ce qui est de la citerne, elle ne fut pas détruite mais bien emmitouflée dans des toiles géotextiles et entourée de sable. Maintenant.elle est ensevelie sous 15 pieds de terre, sous le futur Home dépôt.
Je resterai nostalgique de cet endroit. J'aimais bien me promener dans cette petite forêt qui abritait notre aqueduc, souvent j'y ai croisé des chevreuils dans ce boisé qui venait s'abreuver de cette eau cristalline.
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