Évidemment, il y a un peu, beaucoup  de notre faute si le taux de présence est si bas, peu importe les municipalités. Nous préférons plutôt rester à la maison pour regarder nos émissions favorites de télévision. Sortir après le souper pour nous rendre à une réunion de notre conseil municipal commande toujours un effort particulier. Après une bonne journée de travail, il faut être drôlement convaincu de l’importance de suivre de près notre démocratie municipale pour quitter notre demeure si confortable pendant quelques heures.

Pourtant, c’est la forme de démocratie qui est la plus proche des citoyens et des citoyennes. Avez-vous déjà essayé de rencontrer ou de parler au premier ministre du Québec, du Canada ou à un de leurs ministres, évidemment en dehors d’une campagne électorale? C’est tout un exploit quand nous y parvenons et c’est même considérer comme un privilège. Il en va de même pour tous les hauts fonctionnaires ou présidents d’une société d’État.

Au niveau municipal, ce n’est pas du tout le cas. Le maire ou les conseillers sont beaucoup plus accessibles. Généralement, nous connaissons leur adresse et leur numéro de téléphone personnels. Il nous arrive même de les croiser à l’épicerie, au dépanneur, à la station d’essence ou à la quincaillerie de la municipalité. Si nous n’avons pas un grief personnel à leur soumettre, nous nous contenterons alors de les saluer ou de piquer un petit brin de jasette avec ces élus que nous plaçons trop souvent sur un piédestal.

Alors que notre présence à l’Assemblée nationale ou à la Chambre des Communes est rendue beaucoup plus difficile en raison de la distance et de l’impossibilité de questionner ces élus, ce n’est nullement le cas dans notre municipalité puisque la salle du Conseil est toujours à proximité de notre résidence et que nous pouvons demander des comptes à nos élus municipaux, pas seulement aux quatre ans. Cette période des questions est très rarement appréciée des élus. Si ce n’était de l’obligation légale de l’inscrire à l’ordre du jour, la très grande majorité des maires et de leurs conseillers l’ignoreraient. C’est pourquoi ces représentants du peuple s’organisent pour la limiter dans le temps (30 minutes maximum!) et la placer de préférence à la fin de l’ordre du jour, ce qui permet à certains élus de quitter à ce moment-là.

J’en ai marre de cette démocratie municipale où les élus se contentent  seulement de passer à travers un ordre du jour de plus de trente points en l’espace de trente minutes parce que tout a déjà été décidé en caucus privé au préalable, à l’abri des contribuables. J’en ai marre de cette démocratie municipale où les élus se réfugient trop souvent dans le fait que c’est avant tout une période de questions et que les réponses ne sont pas obligatoires, surtout si les questions sont embarrassantes. J’en ai marre que les élus qui devraient être le plus près du peuple trouvent « chiant » et comme une grosse perte de temps de laisser les citoyens et les citoyennes s’exprimer et leur demander de rendre des comptes une toute petite fois dans un mois.

Tout cela ne contribue aucunement à favoriser une participation plus grande aux réunions du conseil municipal. Les contribuables ont certes leur tort, mais les élus, dans la très grande majorité des cas, ne font rien pour stimuler véritablement cette participation citoyenne. Pauvre démocratie!

Johnny Marre