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Retraités, ces parasites financiers? Imprimer Envoyer
Johnny Marre
Lundi, 19 Avril 2010

Au moment où tant le gouvernement fédéral que celui du Québec viennent de déposer leur budget pour leur nouvelle année financière et où les sombres perspectives économiques de nos gouvernants n’ont pas de quoi réjouir l’ensemble des contribuables et faire craindre le pire pour leurs poches financières, s’il y a une classe de citoyens qui est régulièrement pointée du doigt comme étant une cause croissante de ces difficultés, c’est bien la génération des baby-boomers ou, plus particulièrement, les retraités.

Cette génération de l’après deuxième guerre mondiale est si nombreuse qu’elle fait une cible on ne peut plus parfaite pour tous les maux actuels de notre planète, ici comme ailleurs. Elle a le dos si large qu’elle peut en prendre aussi large dans sa part de nos problèmes. Je veux bien, faisant moi-même partie de cette génération bénie ou maudite. Aucun baby-boomer ne prétendra aujourd’hui que sa génération a été parfaite sur toute la ligne. Par contre, aucun baby-boomer ou membre d’une génération subséquente ne peut prétendre, sans verser dans la démagogie, que cette génération fut et est poche sur toute la ligne. Dans la vie de tout citoyen passé, actuel ou futur de notre planète, tout n’est pas que noir ou blanc. Ce n’est évidemment pas moi qui vous apprendrai que la vie est faite beaucoup plus de toutes les nuances allant du blanc au noir.

Les baby-boomers ne sont pas parfaits. Ils sont humains. Ils et elles ont fait et assumé des choix parfois très éclairés. Ils et elles ont été carrément dans le champ à l’occasion ou ont été carrément lâches devant certains choix difficiles. Par contre, on leur doit de grandes réalisations, de grands bouleversements sociaux et politiques, dont personne ne voudrait se défaire aujourd’hui. Comme pour tout individu, comme pour toute génération, il y a un actif et un passif. On pourrait en discuter longuement, mais je crois fermement que l’actif de ma génération est supérieur à son passif. C’est ce qui importe à la fin d’une vie ou d’une génération.

Aujourd’hui, de plus en plus, non seulement on veut leur mettre presque tous les péchés du monde sur le dos, mais on déplore également qu’ils et elles ne cessent de vieillir, tout en risquant de vivre beaucoup plus vieux que les générations précédentes. Ce constat qui se veut négatif l’est essentiellement en raison de sa portée économique. Chaque nouvelle année apportant son lot de nouveaux baby-boomers à la retraite fait craindre le pire, semble-t-il, pour l’économie de notre pays.

Il n’y a pas si longtemps, ceux et celles qui étaient pointés du doigt comme étant les parasites de notre société, c’étaient les gens qui vivaient de l’aide sociale. On les accusait et on les accuse tout autant aujourd’hui (mais moins publiquement!) de vivre aux crochets de la société pendant que tous les autres travaillent quotidiennement et péniblement pour assumer le bien-être de tout ce beau monde. En ce début du 21e siècle, on a changé la cible. Les retraités, cette masse en croissance continue, sont devenus les nouveaux parasites financiers de notre société actuelle et future. On prétend faussement que ce sera de plus en plus ardu de faire vivre cette génération vieillissante.

Mille excuses! Étant moi-même un retraité de l’enseignement, je ne vois pas en quoi je suis un parasite financier. Certes, je reçois une pension. Mais cette pension, j’y ai versé des sous, de nombreux sous tout au cours de mes 35 ans de carrière pour y avoir droit aujourd’hui. D’autre part, ayant rencontré mon comptable pour mes impôts 2009, je constate que je verse annuellement plusieurs milliers de dollars à mes deux états. C’est sans compter les taxes que je paie régulièrement ici et là pour mes achats ou les services que je reçois, comme tout citoyen à la retraite ou non. Ce n’est pas parce que je suis à la retraite que je suis exempt des tarifs de toutes sortes de mes gouvernements et des taxes qui s’y rattachent. Ce n’est pas parce que je suis à la retraite que je ne paie plus d’intérêt sur mes emprunts ou mes soldes de cartes. Ce n’est pas parce que je suis à la retraite que je ne fais que recevoir sans payer équitablement ma part financière pour le bien-être de ma société.

J’en ai marre de cette simplification trop facile des équations économiques. Les retraités, au même titre que toutes les autres catégories de citoyens, ne sont pas plus parasites que les autres. Il y a des retraités qui ne peuvent survivre qu’avec l’aide de l’État au même titre que des jeunes dans la vingtaine. Des adultes de tous âges sont obligés de s’en remettre au partage de la richesse collective. Par contre, il y a de très nombreux retraités qui versent annuellement des sommes importantes de leurs revenus et/ou de leurs économies dans les coffres de l’État au même titre que la plupart des gens dits actifs.

Dits actifs, parce que s’il y a une donnée trop souvent ignorée, c’est bien celle de l’apport humain et financier d’un grand nombre de retraités dans le bénévolat (cette richesse si grande, mais si mésestimée et si mal évaluée pour son apport à notre collectivité!) et dans leur implication dans de nombreuses causes pour un mieux-être collectif. Ce n’est pas parce que l’on est retraité de l’enseignement ou de quelque autre profession ou emploi, que l’on passe nos journées à nous bercer ou les deux pieds sur la bavette du poêle, comme on disait autrefois. Si je ne suis plus actif dans le système scolaire, je le suis tout autant dans plusieurs autres domaines. Il y a des jeunes comme des gens plus âgés qui sont inactifs pour des raisons parfois très justiciables, parfois inexpliquées. Il y a des jeunes comme des gens plus âgés qui sont très actifs et qui contribuent de multiples façons à l’enrichissement personnel et collectif de chacun. En bout de course, c’est cela qui compte.

Que le respect soit avec vous et avec l’apport positif de tous les retraités!


Johnny Marre