So, So, So, Solidarité… |
Johnny Marre |
Lundi, 08 Février 2010 |
En ce début d’année, je nous ai souhaité une année sous le signe du respect. Pour moi, le respect passe par la solidarité. Dans le drame d’Haïti, cette solidarité s’est manifestée, entre autres, sur le plan monétaire. Toutefois, il n’est pas nécessaire de toujours fouiller dans notre portefeuille pour concrétiser un minimum de solidarité envers un individu, un groupe, un peuple. De plus, il est impossible d’être solidaire avec tout le monde, avec toutes les causes. Si nous le pouvons concrètement, si nous avons des alternatives, pourquoi pas??? Le slogan So, So, So, Solidarité… fait référence certes aux luttes syndicales, mais il peut s’appliquer à toutes autres causes. Dans le mouvement même syndical, il est souvent très difficile de mettre ce simple mot en pratique. Petit exemple : Au début des années ’70, les trois grandes centrales syndicales de l’époque, la CSN, la FTQ et la CEQ, ont fait front commun contre le gouvernement Bourassa pour leurs négociations de leur contrat de travail respectif. Leur slogan était d’ailleurs : « Nous, le monde ordinaire ». Cette solidarité avait même amené les trois chefs syndicaux en prison. Aujourd’hui, ces trois centrales, après presque quarante ans de luttes syndicales le plus souvent isolées, hors de tout front commun, ont décidé de faire à nouveau front commun pour le renouvellement des conventions collectives des employés de l’État. N’est-ce pas merveilleux??? Mais il y a des limites à la solidarité. En juin 2006, neuf syndicats, représentants plus de 25000 enseignants, ont décidé de quitter la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) parce qu’ils ne se reconnaissaient plus depuis longtemps dans la Fédération qui devait les représenter. Ce n’est pas la CSQ que ces syndicats voulaient en fait quitter, mais plutôt, comme ils demandaient de former une nouvelle fédération à l’intérieur même de la CSQ et que leur demande fut cavalièrement rejetée, ils n’ont pas eu d’autres choix que de quitter leur centrale syndicale et de fonder une nouvelle fédération, la Fédération autonome de l’enseignement, la FAE. Il y a eu et il y aura, semble-t-il, encore longtemps un prix à payer à cet « affront syndical ». Une première conséquence : pour les négociations actuelles des employés de l’État, le Front commun, plus précisément, la CSQ, refuse catégoriquement que la FAE fasse partie de leur groupe. Comme dans une traditionnelle chicane de couple, tu as voulu me quitter, alors payes-en le prix! Tu n’avais qu’à y penser avant. Bravo pour la solidarité qui passe après l’égo de certains petits roitelets!!! Autre conséquence : un enseignant qui prend sa retraite est invité à devenir membre de l’Association des retraités de l’enseignement du Québec (AREQ) afin de bénéficier d’un lieu de rencontres sociales avec les ex-confrères et les ex-consœurs, d’un regroupement pour la défense de ses droits, d’un centre d’informations et pour pouvoir bénéficier de certains avantages reliés à l’appartenance à un groupe. Comme depuis juin 2006, les retraités de l’enseignement de la Commission scolaire de la Seigneurie des Mille-Îles et ceux faisant partie de l’Alliance des professeurs de Montréal, entre autres, ne font plus partie de la CSQ, ils n’ont plus le droit d’être membre de l’AREQ, tout comme ceux et celles qui ne veulent pas prendre l’assurance obligatoire. C’est la loi du Crois ou meurs! Que c’est édifiant au pays de la supposée solidarité syndicale!!! J’en ai marre de cette incohérence syndicale. C’est bien beau les grands discours. Par contre, quand ces grands appels à la solidarité ont beaucoup de difficultés à trouver leur écho dans le quotidien, le mot perd toute sa signification première et fondamentale. C’est juste de la masturbation intellectuelle. Les trois grandes centrales syndicales, la CSN, la FTQ et la CSQ, auront beau se gargariser de slogans de solidarité dans les prochain mois, nous ne serons pas dupes, car nous saurons que leur propre solidarité ignore d’autres groupes importants d‘employés de l’État. Finalement, tout ce qu’elles recherchent, c’est au plus fort la poche!!! Ces manquements graves à la solidarité ne sont pas que le lot de ces leaders syndicaux. Nous, les premiers, le sommes-nous? J’y reviendrai avec un exemple bien de chez-nous dans ma prochaine chronique. Que le respect et la solidarité soient avec vous! Johnny Marre |