Quelques faits : Il y a quelques semaines, je roule sur l’autoroute 15, un peu avant midi. Donc, nous ne sommes pas sensés être à l’heure de pointe du matin ou du soir. Juste avant d’arriver à la hauteur du boulevard du Grand-Héron, à Saint-Jérôme, il y a un gros bouchon de circulation. Que se passe-t-il? Au loin, nous voyons de nombreux gyrophares. Nous avançons à pas de tortue. Il doit bien y avoir un grave accident parce l’autoroute 15 est fermée dans les deux directions. Toutes les autos sont dirigées vers la 117. C’est l’enfer.

Il n’y a aucune trace d’accident. Pourquoi tout ce branlebas policier? Nous apprendrons plus tard que c’est un gros camion qui a heurté le viaduc du boulevard du Grand-Héron avec son chargement trop volumineux. Qui manque de jugeotte? Moi qui décide de prendre la 15 ou le chauffeur de ce gros camion qui s’aventure sur cette même autoroute sans même se demander s’il réussira à passer sans problème sous les nombreux viaducs avec un tel chargement? Ou serait-ce qu’il obéissait à un ordre venant de plus haut (du moins, assez haut pour accrocher le viaduc!)?

Encore plus récemment, un autre camion transportant cette fois une grue a heurté un viaduc sur la rue Notre-Dame, à Montréal. Cette artère est très importante pour la circulation urbaine montréalaise. Des milliers d’automobilistes l’empruntent chaque jour. Résultat : les autorités ont dû fermer la rue Notre-Dame pendant de très nombreuses heures, voire plus d’une journée, avec tout le fouillis routier que cela a évidemment occasionné. Encore là, suis-je trop stupide pour comprendre? Même si je ne connais rien en transport routier, n’aurait-il pas été logique de se questionner quelques minutes avant de décider de rouler sur une telle artère aussi importante quand on a un chargement aussi gros qu’une grue? Qui a payé pour ce manque de jugement? Encore une fois, les automobilistes!

Autre fait où ce ne sont pas les vraies coupables qui paient : Le vérificateur-général de la ville de Montréal, celui du Québec, sans parler d’Ottawa, sont appelés à faire enquête sur des faits douteux. Nous avons besoin de gens indépendants des administrations pour nous informer s’il y a eu fraude, malversion, corruption ou autre petit méfait tout aussi anodin. Jusque là, je n’ai pas de problème avec cette sauvegarde de la démocratie. Ce sur quoi, je me questionne et je ne réussis pas à trouver de réponses, c’est pourquoi cela coûte si cher pour faire chacune de ces enquêtes. Nous ne parlons pas ici de quelques milliers de dollars. Il est plutôt question de centaines de milles, quand ce ne sont pas un million ou plus comme ce serait le cas pour l’enquête sur les dépenses de l’ex-lieutenant-gouverneure du Québec, madame Lise Thibault. Quand nous voulons savoir quelque chose, n’est-ce pas aussi simple que de convoquer la ou les personnes concernées dans notre bureau et d’exiger de faire la lumière sur les accusations portées. Cette personne n’a qu’à répondre aux questions ou à prouver noir sur blanc que les rumeurs, les allégations ou les accusations sont non fondées. Ça coûte rien cela!

Le vérificateur-général prétend que c’est le prix à payer pour vivre dans une démocratie. Je veux bien payer un prix, même élevé, si nécessaire. Mais où va tout cet argent dans ces enquêtes? Plus souvent qu’autrement, cela coûte beaucoup plus cher de faire l’enquête que les sommes en jeu par le méfait causé par la personne visée. Il doit bien y avoir quelqu’un qui se graisse en court de chemin. Comme d’habitude, ce sont probablement les intermédiaires qui y trouvent le plus leur profit. Si ce n’est pas le cas, quand m’expliquera-t-on pourquoi des dépenses si élevées pour des enquêtes qui nous semblent si simples???

C’est pourquoi j’en ai souvent marre de me faire passer pour un épais qui ne comprend jamais rien. Je dois comprendre le chauffeur de camion qui n’est pas capable de passer sous un viaduc, le vérificateur-général qui dépense beaucoup d’argent pour sauvegarder la démocratie, le chauffeur pressé qui me pousse dans le c… sur les routes touchées par les travaux routiers, la madame du télémarketing qui m’appelle à l’heure du souper, le concessionnaire automobile qui m’invite à appeler directement le fabricant pour régler mon problème,… Finalement, je ne crois pas que je sois épais. Je suis plutôt trop innocent pour comprendre qu’il n’y a rien à comprendre. C’est juste ça, la vie? Vivre sans chercher à comprendre?

Johnny Marre