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J'en ai marre… des autos en plastique! Imprimer Envoyer
Johnny Marre
Lundi, 20 Avril 2009

Autrefois, les choses changeaient lentement. Autrefois, les choses étaient faites pour durer. Quand on achetait un produit comme du mobilier, un électroménager, un téléviseur ou une automobile, c’était un investissement important. Le crédit étant plus rare, pour ne pas dire inexistant, il fallait épargner, économiser pour mettre des sous de côté afin de faire l’achat projeté ou nécessaire. La mentalité de l’époque, celle de mon père, était que tu n’achètes rien dont tu n’as pas déjà l’argent.

Comme cet argent se gagnait le plus souvent très difficilement et de longue haleine, il était clair que, sans une économie, il fallait se priver du bien désiré. Mais, lorsqu’on avait enfin les moyens de ses désirs, on recherchait le produit qui aurait une longue vie. Les fabricants produisaient en conséquence. Rien ne servait de mettre sur le marché un mobilier ou une automobile qui ne pourrait pas résister aux années. Le consommateur n’en voudrait pas, car il recherchait la durée. L’achat d’un produit n’étant pas la seule nécessité de base de sa vie, il fallait lui laisser le temps d’une part d’acheter d’autres biens et, d’autre part, d’épargner afin de renouveler le mobilier ou l’automobile du départ. Les fabricants de tout acabit en étaient très conscients. De toute façon, leur produit ne changeait guère avec les années.

Aujourd’hui, il en est tout autrement. Le crédit est maintenant monnaie courante, au point de provoquer une crise financière mondiale. L’épargne est dorénavant une vertu qui se perd, comme plusieurs autres. Nous n’attendons plus d’avoir économisé l’argent nécessaire pour nous payer des biens de base ou superflus. Nous, comme nos gouvernements, nous vivons dorénavant avec nos dettes plutôt qu’avec notre argent gagné petit à petit dans nos bas de laine. Les fabricants n’échappent pas à la règle. En conséquence, ils produisent du mobilier ou des automobiles qui vont durer moins longtemps et avec des matériaux moins coûteux pour un meilleur prix de vente.

L’argent étant plus disponible qu’auparavant, le consommateur dépense beaucoup plus et se lasse beaucoup plus vite des produits qu’il achète. Ces mêmes produits, en raison de la vitesse vertigineuse de la technologie et du développement beaucoup plus poussé du marketing, ont une vie plus courte qu’autrefois. À quoi bon fabriquer un produit que, de toute façon, le consommateur se lassera vite et voudra le changer pour être à la mode ou à la fine pointe de la technologie? L’apparence, le look, prend alors le dessus parce que c’est plus vendeur.

Le printemps dernier, j’ai refait une location automobile pour un modèle du premier fabricant mondial. Pour moi qui possède une auto depuis plus de 40 ans, c’était investir dans la qualité à tous les points de vue. À ma très grande surprise, en janvier, je constate en déneigeant ma voiture que le bas du pare-choc avant est brisé. N’ayant eu, à ma souvenance, aucun impact important, si ce n’est qu’avec de la neige dans l’entrée de ma résidence, je ne comprenais pas du tout ce bris mineur, mais tout autant bien réel. J’ai toujours compris que la nature même d’un pare-choc est de parer aux chocs et non de se briser au simple contact avec de la neige. C’est toujours le rôle qu’ont joué tous mes pare-chocs avant dans le passé. La neige ne les avait jamais brisés ou même bosselés, égratignés.

Voilà que les temps ont changé! Mon concessionnaire automobile essaie de me faire comprendre et accepter que ce soit tout à fait normal. Il n’y a rien de normal à ce qu’un pare-choc ne joue pas son rôle. Ce que j’ai fini par comprendre, c’est que le supposé pare-choc n’en est pas un vraiment. Le vrai se cache un tantinet en retrait de la décoration de plastique qui orne l’avant de mon auto. Donc, une décoration en plastique qui rencontre le froid de nos hivers québécois est nettement susceptible de se briser au moindre impact mou, comme ils disent. Je pourrais vous en parler longtemps de cette normalité inacceptable.

J’en ai marre de payer pour des produits dont la qualité et la durée ne sont pas au rendez-vous. J’en ai marre que la solidité et la durabilité laissent trop souvent la place à l’esthétique. J’en ai marre que tous ces fabricants et ces vendeurs de tout acabit me piègent, tel un poisson d’avril permanent, en se justifiant que leur produit répond aux attentes des consommateurs et qu’il est normal que je paie pour un produit non couvert par la garantie, mais plutôt mal conçu, à mon avis. J’en ai marre des faux pare-chocs. J’en ai marre des autos en plastique.

Johnny Marre