J'en ai marre… des guignols parlementaires! |
Johnny Marre |
Mardi, 02 Juin 2009 |
De sondage en sondage, c’est toujours sans surprise que nous apprenons que les hommes et les femmes politiques viennent au dernier rang ou presque quant au niveau de confiance que la population leur témoigne. Nous nous faisons même dire, sans rire, qu’ils et elles se doivent de travailler à redorer leur image. Le premier ministre en tête dira le plus sérieusement du monde prendre acte de l’insatisfaction des Québécois et Québécoises suite à ces sondages ou aux résultats d’élections. Je ne sais s’il vous est déjà arrivé de regarder à la télévision la période des questions de la Chambre des communes à Ottawa ou de l’Assemblée nationale à Québec. Quel spectacle navrant et déprimant pour la qualité de notre démocratie! En ce qui concerne la Chambre des communes, il y a déjà belle lurette que j’ai démissionné. C’est dans la cacophonie la plus totale que se déroule régulièrement cette période des questions. Alors qu’un député adresse une question très pertinente sur un des très nombreux dossiers importants pour le présent et l’avenir de notre pays au premier ministre ou à un de ses ministres, c’est dans un bruit de fond presque constant ou à travers des interpellations de part et d’autre de la Chambre des communes que le premier ministre ou le ministre tentera de répondre plus ou moins à la question. Pendant ce temps, le président de la Chambre reste la plupart du temps assis, n’intervenant que lorsqu’il n’entend plus rien lui-même, sans aucun doute. La règle la plus élémentaire de politesse que nous apprenons tous et toutes à la petite école ou dès que nous faisons partie d’un groupe, c’est d’écouter celui ou celle qui parle. Ce n’est pas innocent qu’existe la notion même de demander le droit de parole, ce qui implique automatiquement le droit d’écoute. Si, à l’école ou dans un regroupement quelconque, ce droit de parole et d’écoute n’est pas respecté, il y a des conséquences à ce manquement profond de respect de l’être humain. Si on est un élu, on échapperait à cette règle du très gros bon sens? Quel manque de classe! À l’Assemblée nationale du Québec, même si nous sommes sensés être une société, une nation distincte, nous avons droit au même théâtre de guignols. S’il y a moins de bruits de fond à l’écoute, c’est parce que les micros sont beaucoup mieux contrôlés et dirigés. Alors que le président de la Chambre des communes semble dormir plus souvent qu’autrement, celui de l’Assemblée nationale est beaucoup plus actif. Il rappellera fréquemment à chaque période des questions et réponses orales que ce n’est pas parce que la population ne peut pas entendre généralement leurs interpellations de part et d’autre que c’est pour autant acceptable d’agir ainsi. C’est une très bonne habitude de la part du président de l’Assemblée nationale, mais son pouvoir d’intervention ou de conviction semble s’arrêter là. Tels des enfants avec de très sérieux troubles de comportements, certains députés, ministres et même le premier ministre recommencent immédiatement à n’en faire qu’à leur tête. Il faut reconnaître que l’exemple du premier ministre du Québec n’est certes pas à imiter. Il faut avouer que l’exemple qui vient d’en haut n’est guère reluisant et entraînant pour un plus grand respect des élus et de notre démocratie. Quand le premier ministre en tête s’amuse à chaque période de questions à ridiculiser ce qui vient de l’opposition, à s’entêter à nommer un député non pas par son titre, comme l’invite régulièrement le président de l’Assemblée nationale, mais par des surnoms méprisants comme ce fut le cas de girouette nationale pour Mario Dumont et, maintenant, de ouaouaron national pour un député du Parti québécois. Même si ces appellations sont antiparlementaires et que le président de l’Assemblée le rappellera aux élus ou même demandera de retirer ces propos, ceci n’empêchera pas certains élus ou le premier ministre de récidiver. C’est trop facile de retirer des paroles. Le mal a déjà été fait. N’ont-ils pas appris à l’école qu’il est insuffisant de s’excuser si on ne rate pas une occasion de récidiver? J’en ai marre des chefs de parti ou des leaders en chambre qui n’exigent pas, ne prennent pas les moyens pour faire respecter intégralement le droit de parole et d’écoute de chacun des élus. J’en ai marre que ces mêmes chefs de parti ou leaders en chambre ne donnent pas habituellement l’exemple. J’en ai marre que notre premier ministre du Québec ne s’élève pas quotidiennement au-dessus de la mêlée et ne soit pas un modèle de respect de la démocratie. Le respect de la démocratie commence par avoir la décence de bien écouter l’autre et de lui répondre sans le ridiculiser. Serait-ce que certains élus sont éligibles à du Ritalin et que l’on a oublié de leur en prescrire??? Johnny Marre |