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O๠sont passés les héritiers de Chaplin? Imprimer Envoyer
Johnny Marre
Lundi, 27 Juillet 2009

Le cinéma est un art. Il est le septième, dit-on. Comme toute œuvre d’art ou de création, cela va du pire au sublime. Évidemment, c’est question de goût, de culture, d’attente. Personnellement, je suis un cinéphile. Dans une année, je me rends près de cent fois dans une salle obscure pour recevoir l’œuvre d’un cinéaste. Dans 10% des cas, c’est du gâteau. Soixante pour cent de ces films sont plutôt moyens. Enfin, un bon 30% de ces œuvres dites d’art sont carrément mauvais malgré, parfois, une publicité aguichante, une bande-annonce prometteuse ou des critiques élogieuses.

Dans cette dernière catégorie, il y a les films comiques américains. Après en avoir visionné plusieurs, il y a de quoi s’interroger sur le comment certains ont réussi à avoir du financement pour faire du cinéma aussi puéril ou bête. Toutefois, quand nous nous y pensons deux minutes, nous comprenons très vite que l’évidence ne peut faire autrement que nous sauter aux yeux (dans le cas du cinéma, cela va de soi!). Premièrement, aux États-Unis, avec leur grand bassin de population, sans compter qu’ils dominent une grande partie de la planète en raison de leur langue et de leurs immenses moyens de diffusion, il est très facile de faire un film payant aux USA.

Nul besoin d’être un grand cinéaste ou d’avoir fait ses preuves au préalable! Aux USA, il n’y a pas de Téléfilm ou de SODEC pour juger des scénarios et arbitrer le financement à partir des sommes annuelles disponibles. Enfin, dernier argument et non le moindre, ces « grands cinéastes » américains savent très bien que leur comédie de très faible calibre trouvera preneur facilement aux États-Unis et partout sur la planète. Dès leur sortie, leur piètre comédie sera en-tête du box-office chez eux, comme ici. Dans ces conditions, il est facile pour tout cinéaste de pacotille de trouver du financement. Les producteurs n’hésitent pas à répondre présent lorsqu’une demande leur est faite.

Connaissez-vous un de ces cinéastes? Nous sommes loin des œuvres de Coppola, Allen, Altman, Lynch, Scorsese, Spielberg ou les frères Coen, entre autres. Ces vrais grands cinéastes américains ne s’abaisseraient jamais à commettre des œuvres aussi mineures, pour ne pas dire minables. Ils ont trop de respect pour leur art. Malheureusement, ce ne sont pas souvent leurs créations qui défoncent le box-office. Qui en sont les responsables? Les producteurs qui ne soucient pas de la qualité cinématographique des œuvres pourvu que ce soit rentable ou le public qui privilégie trop souvent le bas de gamme au cinéma de qualité, sans tomber dans le cinéma d’auteur?

D’autre part, où sont passés les Chaplin, Lewis, Martin, Keaton ou Hope de l’époque du grand cinéma comique américain? Sans tomber dans la nostalgie, il faut reconnaître que la mouture était beaucoup plus relevée à cette époque. Avec des moyens énormément plus modestes qu’aujourd’hui, ils ont su faire des comédies qui sont passées pour plusieurs à la grande histoire du cinéma. Quelle comédie américaine de notre 21e siècle pourra prétendre atteindre ce rang? Imaginons-nous un instant quelles autres grandes œuvres comiques nous auraient données un Charlie Chaplin s’il avait eu les millions d’aujourd’hui! Ou serait-ce ces millions qui pervertissent les œuvres?

J’en ai marre de regretter l’époque de Chaplin, de Jerry Lewis et cie quand je vais voir une comédie américaine au cinéma. J’en ai marre que l’imagination ne soit pas au rendez-vous. J’en ai marre que les Américains qui sont capables du meilleur comme du pire ne m’offrent neuf fois sur dix que leur pire dans leurs comédies cinématographiques.

Heureusement, il y a, en particulier, le cinéma québécois qui nous gâte. Neuf fois sur dix, la qualité est au rendez-vous dans nos comédies au cinéma. Ce n’est nullement être chauvin que de reconnaître un tel fait. Nous avons de très grands comédiens, de très grands comiques et de très grands cinéastes qui savent nous concocter des œuvres qui savent et qui sauront passer à l’histoire de notre cinématographie québécoise. Le dernier exemple sur nos écrans est certes « De père en flic », une très grande comédie, imaginative et de haut niveau. Si vous ne l’avez pas encore vue, gâtez-vous! Le cinéma coûte si peu cher… si on ne se vautre pas trop dans le pop-corn et autres gourmandises cinématographiques.

Nul besoin de tomber dans la puérilité ou la vulgarité pour être drôle! « De père en flic » en est la preuve. « Les doigts croches » qui prendra l’affiche ce vendredi est aussi très prometteur. Les cinéastes de comédies américaines auraient intérêt à venir faire des stages chez nous. Nos cinéastes ont beaucoup à leur apprendre à ce niveau, entre autres.

Johnny Marre