Te souviens-tu de mon nom ? |
Johnny Marre |
Lundi, 02 Novembre 2009 |
Vous vous souvenez sans doute de cette chanson de Félix Leclerc, « Attends-moi ti-gars » ? En ces lendemains d’élections municipales au Québec, il y a sûrement lieu de nous questionner déjà si nos élus municipaux se souviennent encore de notre nom, nous, les électeurs d’hier, les contribuables de toujours. Alors qu’avant des élections, des candidats très intéressés sont très patients pour entendre nos revendications, nos besoins, nos attentes, trop souvent, quelque soit le niveau gouvernemental, nos revendications, nos besoins, nos attentes deviennent des lamentations, des demandes exagérées, du chiâlage qui les empêchent d’administrer en paix. Nous avons été très sollicités ces derniers temps par tous ces candidats potentiels via les médias, le courrier postal ou le porte-à-porte (ce qui fut une très bonne pratique pour nous tous en vue de l’Halloween). J’ai même eu la visite de deux candidats la journée même de l’élection. Ils et elles étaient tous très souriants, très compréhensifs de nos besoins, très à l’écoute. Ils et elles étaient tous des candidats exemplaires pour diriger notre municipalité. Comme nous avons été très importants pendant toute cette période ! Habituellement, si nous nous en souvenons, comme la devise du Québec nous y invite, ceux et celles qui ont été les heureux élus de cette journée électorale perdront assez rapidement leur empathie, leur écoute, leur engagement très sincère de répondre rapidement aux besoins très ciblés de leur population durant la campagne électorale. Car, au départ, nos élus ont un mandat ferme de quatre ans. Leur réflexe immédiat est de nous dire qu’ils et elles ont quatre ans pour réaliser, pour concrétiser leurs engagements électoraux. On dirait qu’ils craignent que, si les correctifs promis durant la période de séduction sont apportés à l’intérieur d’une année, ils ne sauraient plus quoi faire durant les trois autres années. C’est comme si, dans un couple, les deux séducteurs se retrouvaient dans un mandat ferme de vie commune pour dix ans, mais que l’un ou l’autre se disait que, maintenant que c’est dans le sac, il peut attendre dix ans pour retrouver ses attitudes de séducteur et pour matérialiser ses engagements mis de l’avant durant cette période! Sans croire que tous les problèmes seront réglés dès la semaine prochaine, y a-t-il lieu de souhaiter que l’on ne s’éternise pas inutilement, que l’on n’étale pas inutilement les problématiques locales pendant quatre ans pour montrer que l’on travaille sans cesse pour la population, en administrant les remèdes qui font mal au départ et en distribuant les bonbons pour la fin du mandat de quatre ans ??? Durant la campagne électorale, nous avons eu droit ici et là à des débats publics pour permettre à la population de faire des choix éclairés. Maintenant que ces choix éclairés sont faits, dès la deuxième semaine de novembre, tous les élus, dans leur municipalité concernée, se réuniront pour la première séance du conseil municipal, pour prêter serment de très bien servir les intérêts de la population (non pas les leurs, ceux de leurs p’tits amis ou des gens d’affaires en lien avec la municipalité !) et pour se mettre concrètement à l’œuvre. À chacune des réunions mensuelles du conseil municipal, il y aura une période de questions pour que la population puisse questionner ses élus municipaux sur les problématiques de l’heure. C’est une obligation légale. Dans certaines municipalités, cette période de questions d’une durée maximale de trente minutes pour la plupart des administrations est soit au début ou à la fin de la réunion du conseil. Comme c’est une période de questions, la plupart du temps, les commentaires ne sont pas les bienvenus, surtout s’ils n’ont pas pour but de flatter les élus en place. De plus, très souvent, plus les questions sont pertinentes, moins l’intervenant a de chances d’avoir une réponse claire et précise. Il faut dire que l’exemple vient de haut. Vous n’avez qu’à écouter la période des questions à l’Assemblée nationale ou à la Chambre des Communes pour constater que cette triste réalité prévaut à tous les niveaux de gouvernement ou d’administration. Pourtant, durant la campagne électorale, ils et elles étaient prêts à écouter, à débattre et à s’engager. Une fois élus, on dirait qu’ils n’ont qu’une préoccupation, celle de protéger leurs arrières, de naviguer pour se faire réélire dans quatre ans. Après cela, on se questionne longuement sur les raisons du peu de présence de la population aux réunions du conseil municipal. Car, malheureusement, il y a un autre problème majeur. Les réunions du conseil municipal servent généralement à entériner des décisions déjà prises à huis clos lors de caucus préalables. Que l’on s’informe des données d’un problème avant une réunion, soit ! Cependant, que les vrais débats ne se fassent pas devant la population lors de la réunion mensuelle, il y a là un accroc majeur à la démocratie ! Avec une telle façon de procéder, ce qui empêche la population de voir leurs élus débattre à visage découvert, il n’est pas surprenant que les ordres du jour très chargées des assemblées municipales soient liquidés en moins d’une heure, si nous faisons abstraction de la période des questions. Dans un tel contexte, ne nous surprenons pas de l’indifférence des contribuables par la suite !!! J’en ai marre de ce mépris de la démocratie qui nous fait tous perdants en bout de course. Souvent, au lendemain des élections, nous nous faisons demander si nous avons gagné nos élections. Au-delà des candidats pour lesquels nous avons voté et mis notre confiance pour quatre ans, nous sommes et nous serons tous gagnants si les élus et les réélus changent immédiatement leurs façons d’être, d’écouter la population, de mettre la Démocratie avec un grand d au premier rang de leurs préoccupations et de leurs administrations. Comme disait un ex-grand premier ministre du Québec, Jacques Parizeau, s’engagent-ils tous et toutes à tenir le même langage avant, pendant et après leur engagement municipal ? Si oui, nous sortirons tous non seulement grands gagnants pour notre démocratie, mais nous instaurerons un nouvel héritage pour les générations à venir. Notre environnement démocratique, ça aussi, c’est très important. Ne l’oublions pas ! Te souviens-tu de mon nom ? Tu m’appelais Fiston, nous chantait avec justesse Félix Leclerc. Johnny Marre |