C'é pa d'ma fote! |
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Johnny Marre |
Lundi, 30 Novembre 2009 |
Que de nouveaux mots fassent leur apparition, non seulement dans nos us et coutumes, mais aussi et surtout dans nos dictionnaires de la langue française, cela va de soi. En raison de l’immigration et de la mondialisation, ce n’est qu’enrichissant que de nouveaux mots se rajoutent à notre lexique parce qu’ils nous étaient inconnus autrefois. En raison des découvertes scientifiques et de la nouvelle technologie, il est tout aussi normal qu’une nouvelle terminologie naisse pour bien nommer ce qui n’existait pas dans un passé pas si lointain. Un très bel exemple est le mot courriel qui est largement utilisé ici, au Québec. Nous parlons même aujourd’hui d’adresse courriel alors qu’auparavant, il était seulement question d’adresse postale. Évidemment, à ce chapitre, nous ne pouvons nous fier sur la France, notre mère-patrie. Il y a longtemps que cette mère a abdiqué ses responsabilités de légataire d’une des plus belles langues au monde. Les anglicismes ne cessent d’enrichir supposément les Français. Il ne suffit pas de se réclamer de Molière, de Châteaubriand ou des autres très grands auteurs français pour que la très grande richesse d’une langue soit préservée et perpétuée. L’exemple doit venir de haut. Actuellement, ce n’est la mère qui prêche par l’exemple. Ce sont plutôt ses enfants, dont le Québec en tête, qui lui font la leçon.
Pensons-y deux minutes! S’il n’y a rien qui justifie que le mot éléphant et nénuphar ne puissent pas s’écrire éléfant et nénufar, si boîte et goût peuvent perdre leur accent légendaire, si porte-monnaie et rond-point peuvent oublier leur trait d’union et s’écrire en un seul mot, pourquoi se limiter à ces quelques 2000 modifications, qu’est-ce qui justifie alors qu’éléfant garde son t à la fin? Qu’est-ce qui justifie que gout garde également ce t inutile? Qu’est-ce qui justifie que monnaie puisse garder encore quelques décennies son e muet? Qu’est-ce qui justifie que rondpoint ne puisse pas s’écrire ronpoin? Qu’est-ce qui justifie que je devrais mettre un s à mon pa dans le titre de mon texte d’aujourd’hui? Est-ce utile de continuer la trop longue liste de mots ou d’accords grammaticaux qui peuvent perturber nos pauvres petits choux à l’école ou les immigrants qui veulent apprendre notre langue??? J’en ai marre de cette culture de la paresse intellectuelle. J’en ai marre d’être éventuellement considéré comme un vieux grincheux qui est incapable de vivre dans la modernité. Je suis très heureux de n’être plus enseignant et de n’avoir pas à enseigner et à appliquer cette nouvelle orthographe. Je n’ai plus de risques de me faire interpeler par un de mes élèves ou de leurs parents, pour me faire remarquer que je suis dans le champ parce que j’ai osé mettre une faute au mot croquemonsieur, ayant oublié que c’est dorénavant permis d’omettre le trait d’union, ou au mot vingt-et-un-mille-six-cent-deux, ayant encore une fois oublié que les nombres numéraux peuvent s’écrire dorénavant qu’avec des traits d’union. Quel beau casse-tête en perspective pour les profs actuels ou en devenir, eux qui ont été formés à la « vieille » école!
Je suis très fier de ma langue, même si je ne la parle pas ou ne l’écris pas toujours à la hauteur de ce qu’elle mérite. Je ne la mépriserai jamais au point de la rabaisser au plus bas niveau de la facilité. Une linguiste, chargée de cours à l’UQÀM, cofondatrice du Groupe québécois pour la modernisation de la langue française, plaide qu’en Italie, un élève de dix ans peut écrire à sa grand-mère sans faire de fautes alors que nos ados en sont incapables. C’est la base de son argumentation pour que nos ados puissent eux aussi écrire à leur grand-mère sans être accusés, les pauvres, de faire des fautes. Est-ce que leur grand-mère sera davantage capable de les lire? L’histoire ne le dit pas… C’est la logique qui est sous-jacente à cette pensée magique qui est profondément viciée. Car, si rien ne justifie certaines formes orthographiques ou certaines applications grammaticales, avec ce même raisonnement, que de très nombreux apprentissages n’ont plus eux aussi leur justification! Et nos ados auront mille fois raison de nous dire : « C’é pa d’ma fote! » ou « Qu’esse sa donne? ». Vive le progrès!
Johnny Marre P.S. : Venez me saluer à l’expo des artistes et artisans à Prévost! C’est gratuit. |
Commentaires
Et je trouve insultant le commentaire de la linguiste interviewée à la télévision qui répond que Citer: \'\'.
Non, mais elle se prend pour qui celle-là ! C\'est ça l\'évolution ????? Citer