Alouette, vaillante alouette… |
Johnny Marre |
Lundi, 14 Décembre 2009 |
Le 2 décembre dernier, une marée humaine a envahi la rue Sainte-Catherine, à Montréal, pour acclamer notre équipe de football championne, les Alouettes. Même si cette victoire de la Coupe Grey tient un peu, beaucoup de la chance, pourquoi faire ombrage à ce championnat ultime de la Ligue de football canadienne? L’important, c’est la victoire. Et nos Alouettes ont gagné. Alors, l’esprit était à 110% à la fête.
Toutefois, il y a là de grandes leçons à tirer pour nos vaillants footballeurs, mais également pour nous tous. Cette partie ultime à Calgary en elle-même est très riche d’enseignements. Car, malgré une saison convaincante, de très nombreuses victoires, même si, semble-t-il, les joueurs ne prenaient rien à la légère, la coupe tant convoitée a failli leur échapper et la rue Sainte-Catherine, en ce premier mercredi de décembre, a bien failli ne connaître que son flot habituel de circulation et de piétons. Sans parler qu’une défaite aurait ajouté à la trop grande grisaille, non pas automnale (car nous aurons quand même eu un très bel automne dans l’ensemble), mais celle politique et de l’agitation grippale. La plus importante de ces leçons, pourtant presque aussi vieille que notre humanité, est que rien n’est gagné tant que ce n’est pas fini. Pourtant, nous ne cessons de l’oublier, non seulement dans le sport, mais aussi dans de très nombreuses sphères de nos activités humaines. Lors du centenaire des Canadiens de Montréal, à l’intervieweur qui lui demandait, en parlant de la période très glorieuse de cette équipe, s’il n’y avait pas des joutes où les joueurs y allaient un peu plus mollo, Yvan Cournoyer a répondu que ce n’était jamais le cas, car tous les joueurs avaient toujours peur de perdre malgré les très nombreuses victoires. Ces joueurs se disaient toujours préoccupés que cette belle période se termine. C’est pourquoi ils répondaient toujours présents à chaque partie. Nous avons vu ces dernières années des compagnies très importantes avoir de très sérieuses difficultés au point de vue fonctionnelle ou économique. Ne prenons pour exemples que General Motors et Bell Canada. La multinationale GM surfait depuis de très nombreuses années sur sa renommée et sa longue histoire. Pour tous, il était impensable que ce monument de l’industrie automobile puisse être un jour sous le respirateur artificiel de l’État pour ne pas mourir. C’est pourtant ce qui est arrivé. Du côté de Bell Canada, elle a continué de penser longtemps que son monopole d’autrefois dans le monde des télécommunications était toujours présent en ce 21e siècle. C’est pourquoi elle a beaucoup négligé ses relations avec sa clientèle en croyant à tort qu’elle ne l’a quitterait jamais. Ce ne fut pas le cas. Moi, le premier, en raison de son arrogance, je l’ai quittée pour le câble. Depuis ce jour, il ne se passe presque pas une semaine sans que je ne reçoive un appel téléphonique ou une lettre me disant qu’elle a beaucoup changé, qu’elle aimerait tellement me ravoir avec elle et qu’elle a de très beaux cadeaux à me faire. Cela ne vous fait pas penser à un ex ou à une ex qui veut reformer le couple d’autrefois. Trop souvent, il est déjà trop tard. J’en ai marre de moi quand je prends les autres pour acquis. J’en ai marre quand les autres me prennent pour acquis. Il n’y a rien d’acquis sur cette Terre, en commençant par la vie elle-même. Quand je vais dans un restaurant aussi renommée qu’il soit, le repas que l’on me sert doit être comme si c’était le premier qu’ils préparaient pour bâtir leur renommée. Quand je vais voir un spectacle, l’artiste doit toujours être à la hauteur de son talent, que ce soit devant moins de cent personnes ou devant une foule de milliers de spectateurs. Quand je fais affaire avec un commerce local ou une multinationale, ils ne doivent jamais oublier que je suis très important, car je suis leur avenir. Dans nos relations interpersonnels, de couple, familial, parental, amical ou de travail, nos attitudes quotidiennes, nos choix de chaque jour bâtissent ou non les harmonies de nos lendemains. Le repas qui n’est pas de mon goût, la caissière qui manque de chaleur humaine, le travail mal exécuté, tous ces éléments, parmi tant d’autres, nuisent considérablement à la renommée de l’entreprise et ne nous incitent nullement à renouveler notre confiance pour le futur. Ce futur se bâtit toujours sur nos gestes quotidiens. Nous avons trop souvent tendance à l’oublier. C’est ainsi que nous perdons plusieurs parties de notre vie. Johnny Marre |