L'haïs-tu et l'Haïti? |
Johnny Marre |
Mardi, 26 Janvier 2010 |
Le très grand drame qui s’abat sur un des pays les plus pauvres de notre planète, Haïti, est très riche d’enseignements et de leçons de vie. Il nous montre les deux facettes de la race humaine, sa laideur et sa très grande beauté. Qui veut voir la laideur trop souvent présente de notre condition humaine? D’autre part, il nous démontre, sans l’ombre d’un doute, notre très grande fragilité humaine face aux moindres soubresauts de notre planète. Qui ne se dit pas que c’est si loin tout cela? Qui ne pense pas que cela ne peut arriver chez nous? Finalement, qui veut apprendre de ces enseignements? Au départ, le tremblement de terre qui s’est manifesté dans cette grande île des Antilles en ce 12 janvier dernier, sur le strict plan physique, n’est rien de moins qu’un très léger toussotement de notre chère planète. À l’échelle planétaire, c’est presque rien. Qu’est-ce que cela serait si la Terre avait la grippe A (H1N1), elle qui n’a pas été vaccinée? Même si c’est presque rien, nous constatons d’une part les immenses dégâts que cette toux très minime a pu causer, mais surtout nous nous devons de prendre acte, encore une fois, de notre grande fragilité face aux maladies que notre si belle planète peut avoir naturellement ou en raison de notre contamination, de notre négligence ou tout simplement de notre nonchalance.Ce très léger toussotement de notre planète survient au lendemain du Sommet de Copenhague où les leaders mondiaux nous ont tout au plus offert un grand show médiatique et politique afin de ne pas se faire accuser d’être indifférents à l’avenir de notre planète. Des considérations nullement environnementales ont dominé tous ces beaux discours et ces palabres plus ou moins secrets. Tous veulent bien mettre de l’avant des actions pour le plus grand bien-être de notre Terre commune, mais à la condition qu’elles ne viennent nullement les contraindre dans leur développement économique ou qu’elles ne viennent contrarier les grands leaders économiques et financiers de notre planète. Ce qui est arrivé en ce mardi après-midi sur l’île d’Haïti, c’est comme si la Terre, qui nous aime tant malgré tout, voulait nous donner une toute petite leçon pour cette indifférence mondiale à son égard, c’est comme si elle voulait nous donner un très faible exemple de ce qu’il pourrait arriver si nous continuons à penser à nous avant de penser à elle, si nous continuons à remettre aux calendes grecques les correctifs urgents pour une meilleure santé planétaire à tous les points de vue. Et elle a choisi Haïti pour se manifester. Elle a choisi certes l’élément le plus fragile de notre univers humain. Pourquoi? Nous pourrions lui demander : « Pourquoi l’haïs-tu? Pourquoi haïs-tu le peuple haïtien? ». Elle nous répondrait sûrement qu’elle n’haït pas plus ce peuple qu’un autre. Toutefois, pour essayer de nous réveiller, ce regroupement humain avait un grand potentiel de fragilité. Les Haïtiens sont un peuple très fragile, tout comme la Terre l’est tout autant. Cela fait combien de décennies que la communauté internationale, qui se donne des airs de Mère Térésa par les temps qui courent, est plus ou moins indifférente au sort des Haïtiens, qu’elle se contente de simples cataplasmes pour bien paraître et qu’elle est beaucoup plus préoccupée par d’autres chats dits plus importants à fouetter (pauvres minous!)? Cela fait combien de décennies que la communauté internationale est plus ou moins indifférente au sort de notre seule planète habitable à ce jour, qu’elle se contente de simples cataplasmes pour bien paraître et qu’elle a toujours d’autres dossiers plus prioritaires où elle décide de mettre avant tout ses énergies, et ce, malgré les avertissements, les signaux d’alarme de très nombreux terriens, sans parler des symptômes mêmes de notre planète à travers ses inondations, ses manifestations climatiques ou ses glaciers qui fondent à vue d’œil, entre autres? J’en ai marre de notre pauvreté humaine? La Terre serait certes en droit de nous demander à son tour : « Pourquoi m’haïs-tu? ». Ce n’est pas que, collectivement, nous sommes indifférents au sort des Haïtiens en dehors du drame actuel. Ce n’est pas que, collectivement, nous sommes indifférents au sort de notre planète. C’est tout simplement que nous sommes fondamentalement paresseux. Nous trouvons personnellement et collectivement que cela demande tellement d’énergie de nous préoccuper des plus démunis et de notre Terre. Nous préférons toujours remettre à des lendemains lointains les gestes concrets qui se devraient d’être réalisés dans l’immédiat. C’est toujours plus facile de remettre à demain notre ménage ou de balayer sous le tapis que de prendre le temps de régler au fur et à mesure nos problèmes pour le mieux-être de tous. Au-delà du grand déploiement médiatique et politique qui se nourrit actuellement du drame en Haïti avant de passer très bientôt à d’autres dossiers, le peuple haïtien a besoin d’être aimé de la communauté internationale. Au-delà des grands pow-wow environnementaux, la Terre a besoin d’être aimée de la communauté internationale. Serons-nous assez beaux pour le faire??? Que le respect soit avec vous et avec notre planète! Johnny Marre |