Vite, un tribunal populaire! |
Johnny Marre |
Lundi, 22 Mars 2010 |
Quand l’Être humain a donné naissance à la démocratie, le but fondamental se voulait la bonne gouvernance des mille et un faits qui font la substance même de toute collectivité par le peuple et pour le peuple. Pour y arriver, les différentes civilisations se sont dotées de mécanismes permettant la concrétisation de ce grand idéal. Des Grecs qui en seraient les grands architectes jusqu’à nous, il y a eu beaucoup de variables dans l’atteinte de cette valeur essentielle au plus grand respect de tous et chacun sur notre planète. La démocratie se veut le contrefort à tout régime totalitaire ou dictatorial. Force est de constater que des milliers d’années après les pères fondateurs, cette démocratie prend nettement une large panoplie de couleurs et frôle, dans plusieurs cas, dangereusement le mimétisme des régimes auxquels elle prétend s’opposer. Les régimes totalitaires ou du même acabit ne font pas habituellement dans la dentelle. C’est la règle du crois, du obéis ou meurs. Les régimes démocratiques sont beaucoup plus subtils. Ils permettent la dissidence (cause toujours, mon lapin!), les choix programmés par les autorités (élections quand la conjoncture est favorable, référendums le moins possible, gouvernance par sondages ou par souci d’être réélu…), la multiplication des options politiques même si presque toutes visent le centre-droit (diviser pour mieux régner, n’est-ce pas vieux comme la Terre?). Finalement, peu importe le régime en place, dictature ou démocratie, les grands objectifs du départ d’une gouvernance de la collectivité par et pour le peuple sont de plus en plus dilués.Ici même, au Québec et au Canada, la démocratie est de plus en plus à des années-lumière de la définition même d’une gouvernance respectueuse du peuple. Quand un gouvernement décide sans raison un tantinet cohérente de proroger un parlement, empêchant du même coup les élus de débattre des nombreux dossiers qui ont des répercussions sur le vécu de nous tous et que notre peuple ne peut rien faire pour empêcher une telle dérive, peut-on appeler cela de la démocratie? Quand le parti au pouvoir ou son opposition officielle prétende ne pas vouloir aller en élections, c’est-à-dire se soumettre au jugement du peuple, sous le prétexte que ce bon peuple ne veut pas d’élections en ce moment selon des sondages internes ou publics, mais que ces mêmes partis n’hésiteront pas à déclencher des élections si la conjoncture leur semble favorable, peut-on appeler cela de la démocratie? Quand les médias et de très nombreux intervenants mettent à jour des problèmes graves dans la gérance de chantiers de construction, dans les domaines cruciaux de la santé et de l’éducation, sans parler de l’avenir social et culturel de notre nation, et que le premier ministre et son gouvernement ignorent totalement les appels sans précédents à une Commission d’enquête sur les multiples allégations qui ont de très grandes répercussions sur la santé sociale et économique de notre société, et qui, même s’ils ont totalement les deux mains sur le volant, n’apportent aucunement les correctifs qui s’imposent pour remédier rapidement aux très grands cancers qui tuent à petits feux nos secteurs vitaux et débureaucratiser l’ensemble des ministères, peut-on appeler cela de la démocratie? Vous comme moi, nous pourrions continuer à allonger encore sur plusieurs pages les faits et gestes de nos gouvernements. Il n’en demeure pas moins que le citoyen du Québec ne peut que constater jour après jour son immense impuissance. Monsieur et madame Toutlemonde peuvent certes s’exprimer, voire se défouler, s’il ou elle a la chance d’être sondé sur les sujets de l’heure, s’il ou elle a le temps de l’écrire ou de le dire dans les différentes formes de vox pop de l’ensemble des médias, s’il ou elle a une tribune pour le faire. Toutefois, chacun et chacune dans notre coin, nous sommes totalement impuissants devant la dictature des mécanismes de notre démocratie. Il reste toutefois les groupes ou organismes beaucoup plus structurés qui peuvent permettre de mobiliser le peuple afin qu’il exprime son profond désaccord sur les choix qu’on lui impose. Quand il a été question de crier notre indignation face à la guerre en Irak, des organismes et des porte-parole crédibles ont su nous réunir et nous faire marcher par dizaines et dizaines de milliers dans les rues de Montréal, entre autres, et ce, par de très grands froids. Ne sommes-nous pas encore assez indignés pour que des organismes et des porte-parole crédibles nous invitent à descendre dans la rue pour réclamer un respect beaucoup plus grand de notre démocratie? Où sont-ils ces organismes qui ont pourtant des outils de mobilisation, de rencontre que le simple citoyen n’a pas? Sont-ils trop préoccupés par leurs petits problèmes? Est-ce que leurs dossiers internes les empêchent de mettre les énergies nécessaires pour voir et s’attaquer aux dossiers majeurs du Québec qui sentent pourtant de plus en plus mauvais??? J’en ai marre du cancer qui ronge ma démocratie, notre démocratie. Si je suis impuissant en tant que citoyen parce que trop isolé et mal outillé, si les organismes et les groupes structurés se préoccupent beaucoup plus de leurs petits bobos qui les distraient des grands malaises de notre société, si les mécanismes qui sont sensés permettent l’optimisation de notre démocratie sont inefficaces ou ne sont que des écrans de fumée, il ne reste, à mon avis, qu’une solution. Vite, un tribunal populaire où le peuple reprendra en mains ses choix démocratiques et déterminera véritablement son avenir à court, moyen et long terme! C’est le printemps. C’est le temps du grand ménage. Que le respect soit avec vous et avec notre démocratie! Johnny Marre |