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Rêver, c'est la vie Imprimer Envoyer
Johnny Marre
Lundi, 27 Décembre 2010

Tout être humain, depuis la nuit des temps, ne vit que pour l’atteinte de ses rêves, petits ou grands. Jacques Brel en a fait la quintessence dans sa magnifique chanson « La quête », où il parle de chercher à atteindre l’inaccessible étoile. Le rêve, c’est le moteur de la vie. Quand il n’y a plus de rêve, l’humain ne recherche alors que la mort.

Évidemment, la vie, c’est aussi le petit train-train quotidien, l’indispensable routine qui permet à tout terrien de continuer son voyage terrestre. Il y a le travail, le ménage, la bouffe, l’entretien de la machine humaine qu’est le corps, les apprentissages et une foule d’autres éléments essentiels. En cela, nous ne différons pas tellement des autres espèces animales de notre planète. Toutefois, comme nous sommes des êtres pensants, nous recherchons jour après jour à donner un sens à ce voyage terrestre. Nous avons des projets. Nous avons des rêves. C’est ce qui conditionne tout le reste. Nous renoncerions rapidement à tout ce rituel quotidien s’il n’y avait pas la poursuite d’au moins un rêve ou un projet important à concrétiser. Ce rêve peut être aussi bien la vie éternelle dans notre futur univers de l’éternité, l’achat d’un bien longuement désiré ou un simple repas au restaurant (Sors-moi donc, Albert!).

La société dans laquelle nous vivons est en soi un être vivant. Pour qu’elle puisse fonctionner adéquatement, elle a besoin elle aussi de s’imposer des règles de vie, de se doter de structures qui assurent sa vitalité et sa longévité. Tout comme la vaisselle, le ménage, l’hygiène corporelle ou le métro-boulot-dodo, ce n’est pas ce qui est le plus stimulant, mais cela s’impose pour que nous ne tombions pas tous dans l’anarchie personnelle et collective. À cette fin, nous élisons des hommes et des femmes qui ont pour tâche de bien gérer notre routine collective.

Toutefois, il faut plus (si cela peut être possible!) qu’un système de santé et d’éducation exemplaire, que des infrastructures efficaces et sans cônes oranges, que des lois justes et équitables pour tous, sans distinction. À l’instar de tout être humain, notre société a besoin de rêver. Elle a besoin d’avoir des projets de société qui l’amènent vers un monde meilleur. Elle a besoin d’y croire. Elle a soif d’espérer que la vie de notre société est beaucoup plus qu’une excellente gouvernance.

Notre société a besoin d’hommes et de femmes qui créent du rêve au-delà des artistes ou des Halak de notre univers sportif. Notre société n’est pas distincte des autres à ce chapitre. Elle recherche constamment à s’entourer de leaders qui sauront l’inspirer, de leaders qui ne se préoccuperont nullement des qu’en-dira-t-on ou de leur réélection, de leaders qui sauront s’élever au-dessus de la mêlée et qui cultiveront l’élévation d’âme de leur collectivité, que ce soit au niveau local ou national.

La crise importante que traverse notre société actuellement est le résultat de ces absences de rêves collectifs. Notre Québec ne rêve plus. Il broie du noir. Il baigne dans la suspicion et dans le doute profond pour la confiance envers ses élus. Notre Québec déprime. C’est sans doute pourquoi il est prêt à épouser n’importe quel prétendu sauveur qui ramènera le rêve parmi nous.

Jusqu’à récemment, la ville de Québec n’avait eu que de bons gestionnaires, mais si peu de porteurs de rêves. Puis vint le maire Labaume qui, en plus de rechercher une excellente gouvernance, sait faire dorénavant rêver sa ville. La capitale nationale n’est plus une simple ville touristique très agréable; elle respire une nouvelle joie de vivre qui n’est pas seulement justifiée par son passé, mais par son avenir prometteur et stimulant. Est-il nécessaire de parler du maire Tremblay ou de plusieurs autres maires…?

Évidemment, rêver coûte des sous. Si, dans nos vies personnelles, nous éliminons toutes les dépenses reliées à la concrétisation de nos gâteries, de nos rêves, nous serions tous beaucoup plus riches personnellement. Notre vie serait plate, mais nous aurions beaucoup d’épargne personnelle. Si, dans notre société, nous éliminons toutes les dépenses reliées à la concrétisation de nos gâteries et de nos rêves collectifs, nous serions sans aucun doute moins endettés et nous nagerions sans aucun doute dans des excédents budgétaires impensables, mais quelle société déprimante nous aurions.

Ce n’est pas d’un sauveur dont nous avons besoin. Ce sont des porteurs de rêves à tous les échelons de notre société qui nous manquent grandement. Il faut des René Lévesque, des Jean Drapeau, des Régis Labaume. Malheureusement, ces êtres, certes imparfaits à plusieurs points de vue, mais combien essentiels, sont, semble-t-il, si rares que cela rajoute à la déprime collective. Et si chacun de nous essayait d’être des porteurs de rêves dans chacun de nos univers et supportait tous ceux et celles qui veulent nous faire rêver? À trop faucher les rêves, c’est la vie que nous tuons.

Que le respect accompagne tous nos porteurs et porteuses de rêves collectifs!

Que 2011 nous nourrisse tous et toutes, personnellement et collectivement, de rêves pour une véritable bonne et heureuse année!

Johnny Marre