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Dernière tentative de dialogue Imprimer Envoyer
Johnny Marre
Lundi, 04 Avril 2011

Monsieur François Legault,

Franchement! J’ai déjà vu mieux comme tentative de dialogue de la part d’un politicien. Cela fait déjà un mois que je vous ai tendu la main ou la plume virtuelle pour amorcer ce dialogue que vous souhaitez tant avec le peuple québécois et vous ne me répondez pas. Vous nous dîtes que nos leaders doivent poser des gestes forts et courageux pour enclencher les changements qui s’imposent. Le premier geste n’est-il pas d’accepter de dialoguer sur la place publique et non seulement comme vous le faites, en vase clos ou via votre site officiel de la coalition?

J’essaie une ultime fois de rechercher cet échange sincère avec vous. Revenons alors à votre manifeste. Votre coalition actuelle a deux principaux objectifs, celui de solidifier les fondements de notre société et de proposer un plan rassembleur. Jusque là aucun québécois ne peut s’opposer à autant de vertu. Toutefois, le Parti libéral du Québec, le Parti québécois, l’Action démocratique, Québec solidaire et même le Parti vert, n’ont-ils pas eux aussi les mêmes objectifs que vous? C’est sûrement dans votre façon de solidifier et de rassembler que vous voulez vous distinguer? Une sixième façon en quelque sorte, mais cette fois-ci la bonne? Pour tenter de solidifier les fondements de notre société, vous tablez sur le fait que nous aurions perdu nos repères et notre confiance en nous en tant que peuple francophone en Amérique. Si vous m’avez bien lu dans ma dernière chronique, je ne partage pas du tout cette prémisse. Selon moi, les Québécois et Québécoises n’ont nullement perdu leurs repères et leur confiance en leur destinée. S’il y a de la morosité, de la méfiance, du cynisme dans l’air, ce ne sont pas eux qui ont un problème, mais bien le gouvernement en place qui, depuis huit ans, est de moins en moins à l’écoute de la population et crée cet air pollué politiquement.

Pour tenter de solidifier les fondements de notre société, vous commencez par reconnaître que la question nationale est une fracture qui nous affaiblit collectivement. Sur ce point, je suis entièrement d’accord avec vous. Je dirais même que c’est un cancer qui nous mène lentement, mais sûrement, vers la mort, celle de notre nation. Quand un être humain sait qu’il a une fracture importante ou un cancer, il doit y mettre sans attendre toutes ses énergies encore disponibles pour corriger sa santé, sa qualité de vie. Repousser toujours au lendemain parce qu’il a peur de l’hôpital ou de la chimio, pas besoin d’avoir fait de grandes études universitaires en médecine pour savoir que c’est une forme de suicide. Pour une collectivité comme la nôtre, c’est du pareil au même. Repousser toujours à plus tard la guérison de cette fracture ou de ce cancer, c’est aussi de la lâcheté.

On reproche très souvent à nos politiciens, à nos gouvernants d’endetter de plus en plus notre société et de léguer ainsi aux générations futures (nos enfants et nos pauvres petits-enfants!) une dette faramineuse, ce qui aurait pour conséquence qu’eux vivront dans la misère après que nous, nous aurions fait tout un party! Vouloir, monsieur Legault, s’en remettre à nos petits-enfants pour régler la question nationale, c’est aussi lâche de votre part. Vous manquez de couilles! C’est quoi cette fuite, ce refus de mettre toutes nos énergies pour éviter de transmettre notre cancer constitutionnel aux générations futures?

Vous savez comme moi que si ce cancer persiste, c’est que rien n’a été fait depuis de nombreuses années pour détruire ces métastases qui menacent la survie de notre société. Que la solution réside à l’intérieur ou à l’extérieur du Canada, là n’est pas le problème. Espérer que le cancer guérira de lui-même, là est le problème. Il y a déjà presque trente ans que le Québec a refusé de signer la Constitution canadienne de Trudeau parce qu’il n’y trouvait pas sa place véritable. Aucun gouvernement, même résolument fédéraliste, n’a réussi à réparer cette fracture constitutionnelle. Du côté de la souveraineté, le dernier référendum date déjà de plus de quinze ans, dont plus de la moitié sous le règne d’un gouvernement fédéraliste inactif dans sa tentative de guérir ce mal qui nous gruge. En fait, vous et notre premier ministre actuel, vous êtes sur la même longueur d’onde. Vous vous entendez comme larrons en foire pour repousser à beaucoup plus tard le traitement constitutionnel qui s’impose. Le moins naïf dans votre coalition, c’est votre grand ami, monsieur Sirois, car il a tout à gagner qu’on repousse aux calendes grecques la question nationale. Ne rien faire, c’est comme accepter de signer la Constitution canadienne sans avoir à se salir les mains avec l’encre qui devrait en découler. Chapeau, monsieur Sirois!

Vous tablez pour rassembler les Québécois sur le fait qu’ils seraient majoritairement nationalistes. Mais, monsieur Legault, cela ne veut rien dire être nationaliste. C’est un accommodement raisonnable. C’est une espèce de fourre-tout qui permet de ne pas se définir vraiment. C’est comme dire que je suis un humain. Oui, puis après? Préciser que je suis un homme, c’est déjà un peu plus précis, mais encore. Définir mes points forts, mes points faibles, mes valeurs et mes défis quotidiens, cela, c’est aller bien au-delà d’une simple généralité d’habitant de la planète Terre.

Monsieur Legault, j’aurais aimé échanger avec vous au sujet de votre plan d’action rassembleur, mais vous semblez refuser de descendre vraiment sur le terrain du monde ordinaire. Puis-je rêver que vous daignerez vraiment le faire dans un avenir le moins lointain possible, sans filet, dans un geste fort et courageux? Faites-moi signe!

Johnny Marre