Bilan d'une riche programmation |
Opinion |
Écrit par Pierre Lauzon |
Mardi, 01 Juin 2010 |
Les artistes d’ici et d’ailleurs ont besoin de diffuseurs pour nous faire partager leurs talents, leurs créations. Sinon, ils et elles sont tous condamnés à les garder secrets dans leur sous-sol. Ce sont ces diffuseurs qui nous permettent d’avoir un menu très riche et très diversifié au niveau culturel. Autrefois, c’était surtout l’apanage des grandes villes, comme Montréal, et de leur population environnante d’avoir le privilège de rencontrer ces artistes triés sur le volet. Aujourd’hui, toutes les régions du Québec ont leur centre culturel et les églises ont de plus en plus remplacé les bars ou les hôtels pour rendre très accessibles tous ces artistes talentueux. Les Laurentides n’échappent pas à ce phénomène pour notre plus grand bonheur. Nul besoin maintenant d’aller à Montréal pour répondre à la plupart des rendez-vous artistiques de gens connus ou beaucoup moins. La plupart des diffuseurs des Laurentides travaillent en terrains connus en nous programmant les Louis-José Houde, les Isabelle Boulay, les pièces de théâtre où les comédiens et comédiennes du petit écran sont les grands noms d’affiche. Même si rien n’est jamais gagné d’avance, ces diffuseurs jouent plutôt sûr. Ils misent avant tout sur des valeurs artistiques établies et très largement connues du vaste public. Les prix d’entrée à ces spectacles sont d’ailleurs en conséquence. Toutefois, il y a un diffuseur qui se démarque et qui fait figure de précurseur ou d’ouvreur d’art au niveau musical dans les Laurentides, ce sont les Diffusions Amal’Gamme. Sans ces hommes et ces femmes, sans Francine Allain, Yvan Gladu et leurs nombreux bénévoles qui osent relever tout au cours des années le défi d’élargir nos horizons musicaux avec des artistes pour la plupart plutôt méconnus du grand public, et ce, à prix très abordables, il y aurait un pan important de l’univers musical qui serait absent dans notre coin de pays. Sans ce diffuseur qui compte de très nombreuses années d’expérience, comment aurait-on pu apprécier, entre autres, le talent du Quartet de Michel Dubeau, les états d’âme d’Alain Payette, la passion tzigane de Sergeï Trofanov, l’hommage à Claude Debussy de Laura Nocchiero, les harpes du duo Grenon-Guibord, la soirée Gershwin du pianiste Matt Herskowitz, la soirée celtique du Quatuor Aveladeen, les regards poétiques de Michel Fournier, la chaleur du Trio de Sonia Johnson et du Trio No Son Cobanos, les jeunes virtuoses Robin Pan et Alexandre Robillard, la magnifique voix de Karen Young, les Cordes d’Orient de Shen Qi et Luo Di, sans oublier les parfums du Brésil du trio Expresso? Sans les Diffusions Amal’Gamme, aucun de ces artistes n’aurait fait partie de notre univers musical laurentien depuis un an. Pour avoir assisté avec ma conjointe à dix-huit des vingt et un choix musicaux de la riche programmation de ce diffuseur de Prévost, et pour en avoir fait l’humble critique, non pas en tant que très grand connaisseur, mais tout simplement en tant que monsieur Toutelemonde, qui tenait compte de l’appréciation de madame Toutlemonde qu’est mon épouse, si vous avez lu régulièrement mes opinions sur la 15 Nord.com, vous avez été en mesure de constater que chaque fois le talent était au rendez-vous. Ce sont des artistes de haut calibre que notre diffuseur nous offre régulièrement, et rien d’autre. Le seul bémol que j’ai soulevé à quelques reprises et qui ne relève pas directement du travail des Diffusions Amal’Gamme, ce sont les choix musicaux des artistes invités qui nous offrent parfois des œuvres inconnues ou plus difficiles d’accès. Qu’il y en ait quelques-unes au programme de leur soirée, comme je l’ai déjà écrit, cela ne pose aucun problème. Par contre, quand toutes les œuvres sont de cet univers et que le public ne retrouve pas de points d’ancrage avec des œuvres plus connues ou plus familières, c’est la santé, l’avenir de la participation populaire qui est en danger. Car, sauf erreur, notre diffuseur de Prévost ne vise nullement une élite, les grands connaisseurs, comme clientèle. Il veut rendre accessible et élargir l’univers musical de monsieur et madame Toutelemonde, défi qu’il sait relever avec beaucoup de brio. Le maillon faible, ce sont plutôt les artistes qui ne tiennent pas compte du public qui répond à leur invitation et qui ne leur offrent qu’un menu trop sélectif. Je suis assuré que madame Allain et ses nombreux collaborateurs sauront trouver les mots pour sensibiliser tous les artistes à cette dimension importante et pour les amener à choisir des œuvres qui tiendront compte de leurs propres goûts, ainsi que des attentes du grand public. Il faut que, lorsqu’un d’entre nous choisit d’aller à la rencontre d’un artiste à la salle de l’église Saint-François-Xavier de Prévost, il ait encore et encore le goût de récidiver et de vouloir faire partager ses bonheurs vécus. La municipalité de Prévost soutient fièrement et avec raison son diffuseur. Plusieurs personnes ou groupes se sont faits aussi les partenaires d’un des spectacles pour inciter les leurs à venir à un de ces rendez-vous musicaux. Il serait hautement souhaitable que chacune des municipalités avoisinantes décident de devenir l’espace d’un spectacle le partenaire particulier des Diffusions Amal’Gamme pour la programmation 2010-2011. Je sais que des invitations en ce sens ont déjà été formulées par notre diffuseur, mais qu’elles sont restées, semble-t-il, lettre morte. C’est malheureux. Notre richesse culturelle dans les Laurentides aurait tant à y gagner. Diffusions Amal’Gamme, chapeau pour votre travail et longue vie à vous! Pierre Lauzon |